En Algérie, sitôt les séquelles du séisme du 21 mai 2003 disparues, les campagnes de sensibilisation n'ont pas fait long feu. Comme c'est le cas à l'école primaire « El Istiklal » à Alger centre. Les élèves rencontrés ont répondu n'avoir jamais bénéficié d'un cours spécialisé sur les comportements à adopter en cas de séisme, hormis quelques notions de base. Une maman venue attendre son fils à la sortie atteste : « Les campagnes de sensibilisation ont été menées après le dernier tremblement de terre qui a touché l'Algérie, mais sans suite ». Pour Adel, un écolier en cinquième année, les élèves ne sauront pas quoi faire en cas de catastrophe. « Un simple orage nous fait sursauter, qu'en sera-t-il si un tremblement de terre se produisait » ? s'est-il interrogé. La plupart des parents rencontrés au niveau de cette école ont très peur pour leurs enfants. « C'est le mouvement de panique que je crains le plus et pas le tremblement de terre », a précisé Khaled un papa. « Ce sont les évènements du 21 mai 2003 qui m'ont traumatisé. Avant, je savais ce que c'est un tremblement de terre mais je n'avais jamais vu les conséquences dramatiques qu'ils pouvait engendrer », a indiqué Nadjet collégienne et de déplorer : « A l'école comme à la télévision, tout le monde évoque le séisme mais personne n'a pris l'initiative d'inculquer les gestes à adopter au cas où celui-ci se produit ». Ses dires sont confirmés par F. Hassina, enseignante en mathématique au CEM Pasteur. « Dans les pays développés, des exercices de simulation ont lieu tous les mois dans les écoles. Les élèves apprennent, par exemple, à se protéger en s'abritant sous leur bureau et à y rester jusqu'à la fin d'une secousse », dira t-elle. « Aucun travail pédagogique ou de vulgarisation n'est appliqué au CEM si ce n'est l'intervention de quelques enseignants qui, sporadiquement, prennent l'initiative d'apprendre aux élèves quelques comportements », a-t-elle précisé. M. Bounatiro, sismologue au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), a souligné que pour parer à un éventuel danger sismique, les dirigeants doivent mettre au point un programme relatif à « la gestion des catastrophes ». Selon cet expert, beaucoup de débats et d'émissions doivent être menés en direction de la population sur le plan psychique et comportemental également. Le même responsable préconise la nécessité de former les responsables locaux en matière de gestion des catastrophes à travers des « stages bloqués ». « Ces formations sont disponibles en Algérie. Les concernés doivent en bénéficier pour plus de vigilance et une meilleure assistance en faveur des personnes apeurées », dira-t-il. « Il est important d'apprendre à tous les comportements à adopter en cas de séisme puisque souvent la panique est à l'origine de beaucoup de décès », a-t-il précisé.