Le capitaine Amadou Haya Sanogo, le chef de la junte, a annoncé cette décision, vendredi, à l'issue de la signature d'un « accord-cadre » de cinq pages avec trois représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) conduits par le ministre burkinabé Djibrill Bassolé. En contrepartie, ces derniers décident la fin « immédiate » des sanctions financières et politiques qu'ils avaient adoptées à Abidjan lundi dernier et une amnistie pour les putschistes. Le président Amadou Toumani Touré, accusé « d'incompétence » dans sa gestion de la situation dans le Nord, « doit pouvoir être protégé et libre de choisir sa résidence », conclut cet accord qui « permet le retour à l'ordre constitutionnel ».Ce transfert, conclu après trois jours de pourparlers intenses, entre le capitane Sanogo et le ministre burkinabé Djibrill Bassolé, prévoit le constat de la vacance de la présidence et la désignation « dans les jours à venir », conformément à l'article 36 de la Constitution du 25 février 1992, du président de l'Assemblé nationale, Dioncounda Traoré, comme chef d'Etat intérimaire. Présent depuis quelques jours à Ouagadougou, il est rentré, hier, à Bamako « pour mener des consultations » avec le chef de la diplomatie burkinabée, le chef de la junte et l'ensemble de la classe politique. Il aura, avec son Premier ministre et le gouvernement d'union nationale qu'il va former, 40 jours au maximum pour conduire la transition, faire face à la crise humanitaire, gérer la crise dans le nord du Mali et organiser des élections (présidentielle et législatives). « La volonté du CNDRE est d'aller de l'avant rapidement vers la transition », affirme le capitaine. ` Avec le contrôle de Kidal et Tombouctou, les deux capitales administratives du Nord, par les salafistes de Ançar Dine, le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'Ouest, et al Qaïda au Maghreb islamique qui affirment vouloir y instaurer la charia, et la proclamation d'indépendance de l'Azawad par le Mouvement national de libération de l'Azawad - une initiative condamnée unanimement par la communauté internationale -, il est légitime de se demander si ces élections « promises » pourraient se tenir dans les délais prévus. La Cédéao ira-t-elle jusqu'au bout de sa menace : envoyer une force militaire de 2.000 à 3.000 hommes pour pacifier le Nord du pays et préserver « l'intégrité territoriale » du Mali ? Pas sûr. Même si elle a rappelé, jeudi, « à tous les groupes armés » que le Mali est « un et indivisible » et qu'elle « usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer l'intégrité territoriale » de ce pays du Sahel que certains veulent transformer en « sanctuaire » pour le terrorisme international. « Si la guérilla targuie qui s'est emparée du Nord du pays empêche la tenue d'élections dans le délai de 40 jours fixé par la Constitution, un organe de transition conformément à une feuille de route, devra être mis sur pied », explique le capitaine Sanogo. Autrement dit, il est hasardeux de parler dans l'état actuel des choses d'une sortie de crise et d'une fin de mission pour les membres du CNRDRE dans un processus de transition qui reste à définir au Mali, un pays qui subit deux guerres. La première menée par le MNLA. La seconde par des islamistes.