La situation est toujours confuse au Mali. Alors qu'au nord, la ville de Kidal est encerclée depuis trois jours par les rebelles de l'Azawad, à Bamako, la junte militaire divise la classe politique entre les pro et les contre-putchistes. Hier, des milliers de Maliens ont marché sur la capitale en réponse à l'appel du Mouvement populaire du 22 mars (M22), créé par l'unique parti d'opposition, Solidarité pour la démocratie et l'indépendance (SDI), représenté au sein de l'Assemblée nationale pour soutenir le coup d'Etat.Selon la presse locale, les manifestants ont dénoncé le président destitué et appuyé le capitaine Sanogo, le chef de la junte militaire. Cette action intervient en riposte à la création par trente-huit partis et une vingtaine d'associations du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) qui s'est publiquement exprimé contre le coup d'Etat, et exigé le retour à l'ordre constitutionnel, pour lequel une délégation de chefs d'état-major des pays d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a fait le déplacement hier à Bamako. Elle doit préparer la venue, aujourd'hui ou demain, d'une mission de chefs d'Etat de la Cedeao, conduite par le président ivoirien, Alassane Ouattara. Les dirigeants de cette organisation avaient suspendu le Mali, nommé le président burkinabé, Blaise Compaoré, comme médiateur tout en préconisant le retour à l'ordre constitutionnel à travers une transition qui serait dirigée par le président de l'Assemblée nationale dissoute, Dioncounda Traoré.La Cedeao a mis en garde contre le «non-respect par les mouvements de ses décisions», menaçant de «prendre toutes les mesures pour mettre fin à la rébellion et veillera à préserver l'intégrité territoriale du Mali, y compris par l'utilisation de la force». En réponse à ces décisions, le chef de la junte a appelé, mardi, les pays de la sous-région «de bien vouloir accepter d'accompagner le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE) pour réussir sa mission de redressement de notre démocratie et de la restauration de l'autorité de l'Etat». Il a exhorté la classe politique à le rejoindre en promettant d'ouvrir «des consultations plus formelles avec la société civile, les autorités traditionnelles». Contre toute attente, le chef de la junte a annoncé hier l'adoption d'une nouvelle Constitution destinée à la période de transition. Cette loi fondamentale garantit un régime «pluraliste et démocratique» «le respect des droits de l'homme» et interdit aux membres de la junte et du futur gouvernement de se présenter aux élections législatives et présidentielles. Durant cette transition, le CNDRE sera «l'organe suprême» et son chef, le capitaine Amadou Sanogo, le «chef de l'Etat» qui nommera le gouvernement. Cette nouvelle a coïncidé avec la réouverture des administrations et des commerces, la levée du couvre-feu nocturne et la réouverture des frontières 24 heures plus tard. Le chef de la junte a également libéré les deux candidats à la présidentielle, l'ex-Premier ministre, Modibo Sidibé, et l'homme d'affaires Jamil Bittar, arrêtés avec 12 autres personnalités le 22 mars. Au nord du pays, les combattants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) poursuivent leur offensive pour la prise de Kidal, la plus importante ville du Nord, qu'ils encerclent depuis trois jours. Les appels lancés, par le capitaine Sanogo, en leur direction pour «cesser les hostilités» et «négocier» n'ont pas été entendus.