Le cinéaste britannique Ken Loach a estimé hier que la projection du film de Rachid Bouchareb, «Hors-la-loi» en compétition officielle au Festival de Cannes, est «une excellente nouvelle». «C'est une excellente nouvelle qu'il y ait un film sur la guerre d'Algérie, de la même façon dont nous avions évoqué la guerre d'indépendance irlandaise», a déclaré Ken Loach, dont le film «Route Irish», également en course pour un des prix de cette 63e édition du Festival, a été présenté la veille jeudi sur la Croisette. Le cinéaste britannique a considéré que l'aspiration d'écrire l'histoire est légitime. «La vraie histoire est une grande responsabilité. Je suis sûr que c'est ce que Rachid Bouchareb va essayer de faire», a-t-il indiqué sur les ondes de France-Infos. «Il est bien important de savoir ce qu'il y a eu lieu dans le passé. On doit comprendre qui on est, d'où vient-on et pourquoi le présent est tel qu'il est. C'est très important de savoir tout cela», a-t-il ajouté. Depuis l'annonce de la sélection de «Hors-la-loi», des groupes nostalgiques du passé colonial, relayés par deux élus UMP, reprochent à son auteur le contenu «anti-français», selon eux, du film, exigeant son retrait de la compétition et menaçant de perturber la projection du film. Face à cette campagne de dénigrement, des voix d'historiens, de créateurs, d'artistes et de nombreuses personnalités, ont dénoncé «cette guerre des mémoires» et les risques d'atteinte à la liberté d'expression et de création d'un cinéaste. Ces voix ont dénoncé des manœuvres qui tendent à passer sous silence des faits historiques, la tentative de censure du film, les entraves à la liberté de création et les pressions exercées sur certains producteurs pour retirer leur participation au financement du film. L'ONG française SOS Racisme a apporté son soutien à Rachid Bouchareb et dénoncé «une polémique indigente» et la manipulation de la sélection du film au Festival de Cannes par des milieux revanchards guidés par «une démagogie électorale». «SOS Racisme» a souligné la nécessité d'accorder une bonne place à l'Histoire de la colonisation dans les programmes scolaires français. «Etudier ces pages de notre Histoire, c'est donner les clefs d'analyse aux jeunes générations pour qu'elles puissent comprendre les dangers de ces systèmes de pensée fondés sur des visions essentialistes de l'être humain et sur l'exploitation de ce dernier», a précisé l'ONG.