Synthèse de Sihem Ammour La 63ème édition du Festival de Cannes qui se déroule du 12 au 23 mai, avec 19 films en compétition, a entamé son rythme de croisière après les tumultueuses polémiques qui l'ont marqué avant même son ouverture. Au-delà des paillettes et du glamour, la politique et l'actualité mondiale brûlante sont les stars de cette année. L'Algérie est présente dans la compétition de 2010 avec Hors-la-loi de Rachid Bouchareb qui met sur le devant de la scène les massacres du 8 mai 1945. C'est le deuxième film algérien officiellement en compétition, 35 ans après le sacre de Chronique des années de braise du réalisateur Mohammed Lakhdar-Hamina. Présent à Cannes, suite à la polémique déclenchée par son film, Rachid Bouchareb a lancé un appel au calme devant les réactions diverses autour de son film. Il faut rappeler que de nombreux représentants de l'extrême droite ont appelé à une manifestation contre le film le jour de sa projection, le 21 mai prochain. L'Afrique est également présente en compétition cette année avec Un homme qui crie du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Le film, engagé et social, évoque la transmission du savoir d'un père à son fils, perturbée par la guerre civile qui frappe le Tchad. Il est à souligner que le Sud-Africain Olivier Schmitz convoitera, lui, le prix «Un certain regard» avec le Secret de Chanda. La guerre en Irak foulera également le tapis rouge du Festival de Cannes avec Fair Game du réalisateur Doug Liman, seul film américain en compétition. Ce film souligne le parcours de Valérie Plame-Wilson, agent de la CIA chargée de la non-prolifération des armes, violemment sacrifiée par l'administration Bush pour avoir remis en question certains positionnements du gouvernement autour de la guerre en Irak. De son côté, le Britannique Ken Loach suit deux amis employés comme agents de sécurité en Irak qui risquent leur vie dans une ville ravagée par la violence, dans Route Irish, ajouté à la compétition à la dernière minute. Il faut signaler le brûlot Draquila-l'Italia che trema (Draquila, l'Italie qui tremble) documentaire signé Sabina Guzzanti, projeté hors compétition, jeudi dernier, qui a poussé le ministre italien de la Culture à boycotter le festival. Draquila critique la façon dont Silvio Berlusconi a exploité médiatiquement le drame du séisme pour conforter sa popularité. Le documentaire s'attaque aussi aux zones noires de la reconstruction et à la corruption qui ronge le système italien. D'autres films de réalisateurs engagés sont au menu de cette 63ème édition, notamment Socialisme de Jean-Luc Godard, Wall Street-Money Never Sleeps d'Oliver Stone, Inside Job de Charles Ferguson, le Nom des gens de Michel Leclerc ou le documentaire d'Andréi Ujica sur Nicolae Ceausescu. Quant à Lucy Walker, elle explore les dangers de l'arme nucléaire à travers Countdown to Zero. Au final, avec un président aussi atypique que Tim Burton, il faudra patienter encore quelques jours avant de connaître si le cinéma engagé réussira à rafler la très convoitée Palme d'or.