Fini l'écriture manuscrite des leçons et les polycopies des cours ! Ils ont été remplacés par des fichiers, CD-Rom et disquettes. Les technologies de l'Information et de la communication ont complètement révolutionné les réflexes et les habitudes des étudiants, des lycéens et même des collégiens. La révision des cours ou la préparation des examens se fait désormais, pour la plupart d'entre eux, via les TIC. Le réseau Internet remplace les cours de rattrapage. Ces jeunes investissent très souvent les cybercafés pour télécharger le moindre détail sur tel ou tel travail de recherche. Mais, maitrisent-ils le contenu de ce travail, ou s'agit-il d'une simple formalité de présentation ? Pourquoi le recours aux moyens des TIC ? Ce « copier-coller » est-il bénéfique pour le savoir ? Pour en savoir plus sur le sujet, un tour dans les cybercafés s'impose. Ces espaces situés à proximité des lycées ou des universités affichent complet. Au niveau de la Fac Centrale, Samir, Radia, Youcef et Nadji occupent au moins trois heures de leur temps dans l'Espace Internet de cette Université. « Pour élaborer mon projet de fin d'études, je me suis basé sur plusieurs travaux que j'ai cherchés sur Internet, sans les copier en intégralité. Mes professeurs sont vigilants par rapport à l'exactitude et la diversification des informations recueillies », a indiqué Samir, étudiant en architecture. Radia, étudiante en pharmacie, a affirmé qu'elle fournit, quand même, des efforts. « Je synthétise toujours mes travaux de recherches. J'essaye d'apporter mon propre style et j'évite au maximum de faire du copier-coller », a-t-elle indiqué. Youcef, en 3e année en sciences de la mer compare entre la méthode classique de l'élaboration d'une recherche et les méthodes actuelles et confirme : « Pour bien réussir son travail, il faut faire beaucoup de recherches, ce qui n'est pas évident. Mais sur Internet, et en un laps de temps record, on peut trouver toutes les informations dont on a besoin et s'en servir facilement. Pourquoi dépenser tant d'énergie, alors que tous les travaux existent sur la Toile ? », ironise-t-il. Nadji, quant à lui, est catégorique : « En toute sincérité, j'ai entièrement copié mon mémoire sur Internet. Ce n'est pas de ma faute, mon professeur ne m'a pas accordé un temps supplémentaire, je n'avais pas le temps de faire les recherches nécessaires afin de pouvoir le rédiger moi-même ». Scolarisé au Lycée Omar-Racim d'Alger, Hamid indique qu'il a du mal à reconnaître ses écritures, c'est pour cela qu'il recourt à l'utilisation de l'outil informatique. « Certains professeurs m'autorisent à faire usage de mon micro-portable, alors que d'autres me jugent mal en raison de ma mauvaise écriture ». Dans ce même cybercafé, l'on trouve, à la demande des habitués et sous le manteau, tous les programmes scolaires des collégiens et des lycéens. Les élèves font des copies et travaillent tranquillement en utilisant l'outil Informatique. Avec les réseaux sociaux, comme Facebook et Tweeter, les élèves arrivent à faire des révisions collectives à partir de chez eux ou depuis des espaces conçus pour ça. QU'EN PENSENT LES PROFESSEURS ? Mme Haroun, enseignante de français dans un célèbre lycée à Koléa, a indiqué que « depuis que l'école existe, le plagiat et la tricherie scolaires existent ». A l'époque, précise-t-elle, « les élèves fournissaient plus d'efforts en essayant de trouver des informations à travers plusieurs ouvrages, c'était un vrai travail de synthèse, tout en respectant les méthodes de la recherche, en citant les sources et les ouvrages ». Maintenant, le professeur déplore les méthodes avec lesquelles sont effectués les travaux de recherches. « Les élèves arrivent au lycée, incapables de lire correctement, « réalisent » des travaux de recherches qui dépassent leur âge mental », regrette-t-elle. Pour elle, les élèves n'ont pas besoin de recourir à l'utilisation des TIC pour présenter leurs travaux de recherches. « Un travail imprimé, avec une mise en page de professionnels n'est pas le bienvenu chez moi, je préfère le travail de l'élève mal fait que la tricherie ». Aït Si Mamar, enseignant de philosophie dans un lycée à Ben Aknoun, a indiqué pour sa part que « le plagiat et autres types de triche à l'aide des technologies par les étudiants constituent une préoccupation bien réelle des différents séminaires que le ministère de tutelle organise. « C'est un dossier complexe qui demande une réflexion et des actions tant en ce qui a trait à la prévention, à la détection, aux conséquences en matière d'apprentissage, aux modes d'évaluation actuellement utilisés qu'aux valeurs éthiques qui sont mises en jeu. On ne peut pas priver les élèves d'utiliser les nouvelles technologies de l'information. » LES PEDAGOGUES PRIVILEGIENT L'ENSEIGNEMENT DE L'ESPRIT CRITIQUE Au lieu de se pencher sur les tricheries des étudiants, le professeur Abdellaoui Belaïd, enseignant à Tizi-Ouzou, préfère parler de l'analyse. « Comment introduire la pensée critique dans son enseignement ? » Selon ses propos, tous les étudiants et même les chercheurs « tombent dans la redondance ». Le formateur exhorte les enseignants à développer l'esprit critique. Ce professeur favorise le jeu de question-réponse avec les étudiants. « A quoi sert d'avoir un Goliath Google dans la tête sans savoir comment le manipuler ? », s'interroge-t-il. La meilleure manière pour lui de connaître si on maîtrise son sujet c'est d'accepter le débat franc et direct. « L'enseignant qui souhaite entreprendre une démarche pédagogique doit impérativement développer la pensée critique. Ce n'est que par cette parade qu'on arrive à lutter efficacement et raisonnablement contre le réflexe facile des étudiants ». De ce point de vue, ce pédagogue propose des tâches didactiques intéressantes qui mettent en avant la créativité par le collégien et l'étudiant.