Le recours abusif à l'internet pour des travaux de recherche que les enseignants confient à leurs élèves n'est-il pas une fuite en avant pour ces éducateurs ? Plus grave, ce sont les patrons de cybercafés qui effectuent ces recherches pour le compte d'élèves souvent incapables de manipuler un ordinateur. Les devoirs à la maison, c'est du passé pour les élèves de tous les cycles. Ce sont des travaux de recherche sur internet qu'exigent aujourd'hui les enseignants de toutes les matières, même les professeurs de dessins se sont embarqués dans la galère où l'élève ne bénéficie d'aucune explication ni d'aucune connaissance. L'élève se dirige vers le cybercafé du coin pour demander le tirage d'un exposé sur tel ou tel thème. L'employé de cet établissement, sollicité auparavant par d'autres élèves, a déjà préparé l'exposé, «el bahth» comme se plaisent à l'appeler les enseignants. Deux clics sur une touche et l'imprimante se met en marche sans que l'élève, ou parfois un de ses parents chargé de consulter le sujet, ne procède à des rectifications. Le dossier est ainsi remis au demandeur qui en ignore le contenu. Cette nouvelle méthode n'est bénéfique qu'à l'élève qui effectue lui-même ses recherches. Or, il s'avère que la majorité de ces jeunes n'ont aucune notion sur l'informatique ni sur la manière de réaliser leurs devoirs via internet. Un inspecteur de mathématiques affirme que les professeurs de cette matière n'exigent pas de telles recherches «Heureusement», ajoute-t-il. A quoi servent les enseignants ? «Le recours à internet permet aux élèves d'avoir une panoplie d'informations qu'ils doivent exploiter selon le thème demandé», justifie un professeur de français qui reconnaît que de nombreux élèves n'adhèrent pas à cette méthode qui n'est prise au sérieux que par les élèves les plus brillants. «Dans un groupe de six élèves, trois d'entre eux seulement lisent et comprennent le texte de recherche, les autres ne font aucun effort puisque le devoir est noté pour l'ensemble de l'équipe», précise ce prof qui enseigne quatre classes de même niveau dans un CEM. «J'essaye de diversifier les sujets pour que les élèves s'y intéressent davantage, mais au niveau des cybercafés ils ne font qu'acheter une copie de travail de recherche», conclut-il. L'employé du cybercafé confirme le désintéressement des élèves qui préfèrent acquérir les copies sans comprendre le sujet. «Nous avons préparé plusieurs thèmes de recherche que les gens viennent réclamer», reconnaît-il en soulignant que même les étudiants universitaires ont des difficultés à effectuer leurs travaux de recherche. Devant cette situation, les parents, qui ne font que répondre aux sollicitations de leurs enfants, s'interrogent sur la nécessité du manuel exigé à la rentrée. «Le professeur ne devrait-il pas assister ses élèves dans la recherche ou, au moins, leur designer les grandes lignes de leur devoir», dit un parent qui ne comprend pas le recours aux cybercafés alors que tous les établissements scolaires sont dotés de moyens informatiques. Certes, si ce travail est récompensé durant le trimestre, il ne permet nullement à l'élève de s'épanouir sauf si ce dernier manipule lui-même l'ordinateur.