« tous les organismes d'Etat doivent le traiter selon ce principe », déclarent unanimes les députés soudanais. Principal grief de Khartoum qui s'apprête à envoyer au front 100.000 hommes : la prise de contrôle, mardi dernier, par les troupes sud-soudanaises de la zone frontalière de Heglig, le champ pétrolier de l'Etat soudanais du Kordofan-Sud qui fournit 65.000 barils par jour au Soudan. Ahmed Ibrahim El-Tahir, le président du Parlement, ne s'arrête pas aux condamnations verbales. Il appelle à renverser le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), les ex-rebelles sudistes au pouvoir au Soudan du Sud depuis juillet 2011 à la suite de la guerre civile (1983-2005, 2 millions de morts). « Nous annonçons que nous combattrons le SPLM jusqu'à ce que nous mettions fin à son gouvernement au Soudan du Sud. Nous rassemblons toutes nos ressources pour atteindre ce but », dit-il. Sitôt dit, sitôt fait. L'aviation largue ses bombes sur Mayom et Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité. Les Sud-Soudanais, qui auraient positionné leurs chars juste à côté des installations pétrolières, seraient-ils tentés par la destruction des installations ? En accusant, avec insistance, les forces de Khartoum de pilonner la zone de Heglig, ils le laissent croire. Le Soudan dément. Sur la lancée, il met en garde Juba contre toute atteinte aux infrastructures de l'industrie pétrolière d'Heglig. Une zone que Salva Kiir Mayardit, le président sud-soudanais, a revendiquée sienne en mars dernier, au mépris de la carté élaborée en 1956 et des accords entre les deux pas entérinés par l'Union africaine. Selon des analystes, si Juba détruit les installations pétrolières de Heglig, Khartoum, qui voit ses réserves de change fondre, sa monnaie s'effondrer et l'inflation dépasser 20%, se vengera en détruisant les champs pétrolifères sud-soudanais. Devant l'ampleur des affrontements et le risque d'une seconde guerre entre les deux pays, la communauté internationale prend peur. Elle appelle à la retenue les deux parties qui n'ont réglé, malgré une médiation soutenue de l'Union africaine, aucun de leurs points de contentieux (tracé de la frontière commune, accusations réciproques de soutien à des groupes rebelles et partage des ressources pétrolières). L'Egypte offre ses services pour dénouer la crise. Mohammed Kamel Amr, son ministre des Affaires étrangères, était hier à Juba après une escale à Khartoum où il a tenté « d'explorer des idées et des voies pour essayer de parvenir à une solution pacifique entre les deux nations ». Selon l'agence soudanaise Suna, M. Béchir a accueilli positivement la démarche égyptienne, tout en rappelant qu'il refusait toute négociation tant que l'armée sud-soudanaise ne se serait pas retirée de la région frontalière et pétrolière de Heglig. Khartoum, qui a engagé ses troupes au Darfour et depuis l'été 2011 dans les Etats du Kordofan-Sud, du Nil Bleu et d'Abyei, trouvera-t-elle des ressorts nécessaires pour faire face à Juba ? Pas sûr. Forte du soutien américain et israélien, Juba affirme qu'elle ne se retira de Heglig qu'à de très strictes conditions, dont le repli de l'armée de Khartoum d'Abyei et de sa frontière nord-est.