L'eau, élément précieux, dont la mobilisation coûte de plus en plus cher à l'Algérie, fait l'objet d'une politique de première priorité depuis plusieurs années. Aujourd'hui, il n'est plus seulement question de mobilisation de l'eau, mais également de sa sécurisation. Une telle question est à l'ordre du jour des réflexions stratégiques de par le monde, et l'Algérie n'est pas en reste de cette préoccupation majeure à un moment où toutes les inquiétudes vont au réchauffement climatique inéluctable et ses effets et où les prospectivistes des géostratégies futures prophétisent à juste raison que les plus grandes crises et les plus grands conflits à venir seront liés au problème lancinant de la disponibilité de la ressource hydrique. Si la stratégie des dix dernières années a été une stratégie de l'urgence et de la priorité, qui a consisté dans une diversification des moyens de mobilisation de la ressource, le temps est aujourd'hui à une vision prospective qui prenne en compte l'enjeu de la sécurisation de l'eau. Sécuriser l'eau, c'est en préserver les stocks là où ils présentent la garantie d'être un jour récupérés. Mais il semble bien que la sécurisation de l'eau déborde largement l'enjeu de préservation des stocks, pour recouvrer également, sur un plan plus large, la notion de gouvernance de l'eau. Ainsi, outre la capacité de mobilisation des ressources en eaux conventionnelles, l'Etat a pu ces dernières années développer des modes de mobilisation non conventionnels, notamment à travers le dessalement de l'eau de mer et la récupération des eaux usées. C'est dans ce territoire-là des eaux non conventionnelles que se situe essentiellement la clé de la sécurité de l'eau, même si, par ailleurs, d'autres acteurs de la réflexion stratégique sur l'avenir de l'eau préconisent, à juste raison, la récupération des eaux de ruissellement estimées à 10 milliards de m3. Quoi qu'il en soit, il n'y a de pertinence dans le choix d'une option aux dépens d'une autre que dans sa faisabilité et son coût économique et social, et tant mieux si, pour sécuriser ses ressources hydriques et celles qui ne sont pas encore tout à fait à sa portée, l'Algérie arrive à exploiter tous les modes de mobilisation et de sécurisation du précieux élément. De tout cela, d'ailleurs, est-il possible d'exclure le mode de sécurisation qu'est la prévention qui s'articule autour de deux axes ? Il est clair que l'eau a des destinations diverses, toutes aussi prioritaires les unes que les autres, nulle ne pouvant être retranchées sans risquer de compromettre la bonne continuité des activités et du développement humains. Mais il est tout aussi clair que la consommation de l'eau peut parfaitement rimer avec économie de l'eau. Qu'il s'agisse de besoins ménagers, d'irrigation ou d'activités industrielles, l'économie de l'eau est une question de technique d'exploitation, et c'est en maîtrisant ces techniques qu'on peut identifier le niveau de nos besoins en eau qui, moyennant cette étape cruciale, pourraient être revus sérieusement à la baisse. N'est-ce pas là la moindre des façons de réaliser une sécurité de l'eau ? Il s'agit du premier axe, quant au second, sa réalité est tributaire d'une politique de préservation environnementale, seule garante d'une protection de la ressource qui participe de la même stratégie globale de sécurité et de sécurisation de l'eau, autrement dit de la vie.