Ils ont vu le jour à la faveur de différents textes de lois promulgués en 1990 portant modalités du libre exercice du droit syndical. Les syndicats autonomes sont, aujourd'hui, intimement liés à la vie sociale et politique nationale. Interrogés sur le 1er mai, fête du travail, ils sont unanimes à souligner que cette date a perdu de sa « saveur » dans notre pays. Ils estiment que « beaucoup reste à faire en matière de libertés syndicales ». « JOURNEE CHÔMEE ET PAYEE... » Le coordinateur du syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, considère que le 1er mai est « loin d'être une fête du travail, mais une journée chômée et payée ». Il regrette le fait que partout ailleurs on assiste à des célébrations et autres rassemblements du mouvement ouvrier alors que « chez nous, les syndicats sont, excepté la Centrale syndicale, interdits de manifester ». Sur le pluralisme syndical, Meziane Meriane souligne que les syndicats autonomes évoluent dans un contexte « très hostile » et que « beaucoup reste à faire pour promouvoir les libertés syndicales ». Même son de cloche chez le chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Messaoud Boudiba qualifie cette date de « simple journée fériée ». Pire, « un non-événement ». Et ce dernier d'expliquer que les libertés syndicales dans notre pays ont reculé en dépit du fait que l'Algérie est signataire des conventions internationales qui consacrent le respect des droits syndicaux. Il met en avant le recours, par les pouvoirs publics, à la justice pour réprimer les libertés syndicales. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) par la voix de son secrétaire général, Idir Achour, affirme sa volonté de faire du 1er mai 2012, en « cette période de crise dans le monde », une journée de solidarité nationale historique du monde du travail et de l'éducation particulièrement, une forte journée de mobilisation, de manifestations et d'expressions revendicative pour faire entendre les priorités sociales et les préoccupations des salariés, des demandeurs d'emploi, des jeunes et des retraités. « Dans beaucoup de pays, note le CLA, des populations subissent des politiques d'austérité et des réformes réduisant les droits des travailleurs et leur protection sociale. » Le président du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), Rachid Malaoui, affirme que la fête du travail a perdu de sa « signification ». Il explique que les travailleurs ne sont nullement libres même pour exprimer leurs revendications les plus légitimes. Selon lui, les syndicats autonomes se doivent de maintenir la pression sur les pouvoirs publics en tentant de s'imposer en tant que partenaires à part entière. Lyès Merabet, président du Syndicat des praticiens de santé publique (Snpsp), abonde dans le même sens. Il refuse de parler de « fête du travail ». Pour bien des raisons : des milliers de travailleurs exercent dans la précarité absolue, des milliers de fonctionnaires travaillent sous des contrats de la « honte », un taux de chômage qui commence à s'éloigner du taux officiel de 10 %. Et ce n'est pas tout. « Les libertés syndicales sont souvent violées. Le droit de grève est bafoué », soutient-il non sans remarquer qu'il y a une « disparité flagrante » entre les textes de lois régissant l'activité syndicale et leur application effective. Mais « on va continuer à maintenir cet esprit de militantisme en dépit des entraves qui y existent », affirme le président du Snpsp.