« L'heure est désormais à l'action ». L'appel lancé par le président tchadien, Idriss Deby Itno, lors du 14e sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de la commission du bassin du lac du Tchad (CBLT), tenu le 30 avril à Ndjamena, décrète la mobilisation générale pour faire face au fléau terroriste qui met en péril la sécurité et la stabilité régionales. L'ombre pesante de Boko Haram qui sévit principalement au Nord du Nigeria, touché de plein fouet, depuis 2009, par une vague d'attentats meurtriers (plus de 1.000 morts), participe de la prise de conscience de la nécessité d'éradication de la menace terroriste et de la mobilisation des moyens des pays de la région. « Notre bassin conventionné est exposé à l'insécurité à cause de la menace permanente de la secte Boko Haram. L'heure est, désormais, à l'action, car nous ne pouvons pas entreprendre les actions de sauvegarde du Lac Tchad sans éradiquer cette secte de Boko Haram », a plaidé Deby. La réactivation et la redynamisation de la « force mixte multinationale », instituée en 1998 et regroupant les 5 pays bassin du Lac du Tchad (Tchad, Cameroun, Nigeria, Niger, République Centrafricaine) s'inscrit dans la démarche visant à promouvoir « une action commune et concertée » à laquelle a appelé le président centrafricain, François Bozizé. Loin d'être circonscrit, le caractère transfrontalier du terrorisme international s'affirme davantage dans le spectre associant l'Aqmi, Boko Haram présent en force au Mali pour l'exemple, et les Shebabs de Somalie, dans une vaste entreprise de déstabilisation du Sahel, de l'Afrique subsaharienne et de la Corne d'Afrique. Le redéploiement africain d'al Qaïda, décimée et affaiblie en Afghanistan, est le défi majeur qui doit s'appuyer sur un traitement adéquat. « Ces défis ne peuvent être abordés de manière isolée, mais comme des questions interdépendantes », a relevé Don Yamamoto, principal Sous-secrétaire US, chargé des Affaires africaines, dans une audition devant la Chambre des représentants. Le « cancer fatal », favorisé par la porosité des frontières et la détresse humaine, n'est pas réductible au tout sécuritaire. A l'exemple du grave précédent malien, défini comme un « microcosme de problèmes complexes auxquels fait face l'Afrique », le choix d'une « approche globale holistique et à long terme » est, du point de vue du responsable du Département d'Etat, la résultante du « large éventail de facteurs économiques, politiques et sociaux » générateurs de conflits et d'insécurité. Au défi global, une riposte globale.