Bien que plusieurs camps de regroupement et d'internement aient été érigés un peu partout en Algérie par l'armée française durant la colonisation et ce pour y parquer les populations locales et tenter de « mater » la Révolution nationale, il en est un, un peu particulier, C'est le camp Lodi et il ne concerne que les Français, les Européens parmi les intellectuels, les militants de gauche, les syndicalistes qui n'ont cessé de manifester leur soutien et leur sympathie pour la lutte des Algériens. A une centaine de kilomètres d'Alger, près de Médéa, le Camp Lodi porte symboliquement le nom du pont italien qui a permis aux troupes de Napoléon d'entrer victorieuses à Milan. C'était aussi un centre de vacances pour les cheminots transformé pour cette nouvelle mission, selon des témoignages. Une journaliste française, Nathalie Funès a, dans un livre récent, retracé les conditions de détention de ces centaines de Français, sympathisants de l'indépendance et qui « ont été enfermés là de façon arbitraire ». Des années durant, ils ont croupi, dit-elle, « dans des baraques délabrées, entourées de barbelés, inspectées jour et nuit par une armée de gendarmes mobiles, loin des regards indiscrets et des grandes villes ». Ils sont là sans jugement. Sur simple arrêté préfectoral. Dans ce camp se sont croisés des médecins, des architectes, des cheminots, des gaziers, des électriciens, des résistants de la Seconde Guerre mondiale, des anciens internés de Dachau... Elle cite Albert Smadja, l'avocat de Fernand Iveton, ce Français guillotiné par la « justice » française, Georges Hadjadj, le dernier compagnon de cellule du professeur de mathématiques Maurice Audin, disparu après une ultime séance de gégène ou encore Henri Alleg, l'auteur de « La Question », arrivé dans ce camp, en été 1957, après avoir été torturé des jours durant par les parachutistes. Nathalie Funès s'intéresse à ce côté de la répression française en Algérie, d'autant plus que son oncle y a passé quelques années, en raison de ses positions politiques.