Deux cent quatre vingt-six milliards de dollars. Voilà une manne financière qui vient irriguer le développement multidimensionnel en Algérie, à un moment, faut-il le préciser, où les pays les plus riches se débattent dans une crise chronique qui menace d'emporter des économies entières en Europe et avec celles-ci, la monnaie unique qui fonde la fierté des pionniers de la construction européenne. C'est dire que sur l'espace méditerranéen, tout entier, cette mobilisation financière à l'algérienne doit faire des envieux, mais aussi doit susciter de la convoitise, surtout du côté des partenaires traditionnels commerciaux de l'Algérie. Une situation que notre pays doit rentabiliser en termes de conditions d'accès au marché, en liant celui-ci à un transfert de savoir-faire et de technologie que de nombreux opérateurs étrangers, en quête de croissance de survie, ne peuvent plus nous refuser. D'ailleurs, les expériences antérieures de partenariat avec l'étranger n'ont pas été fructueuses, révélant, de façon répétitive, une propension à l'activisme commercial, loin de toute intention de la part des opérateurs économiques étrangers de contribuer, en dépit de ce qu'elle leur rapporte, à la construction économique nationale. Avec la dimension que prenait l'importation, ces opérateurs n'avaient pas besoin de venir prendre l'argent des Algériens, ce sont les importateurs algériens qui, en traversant la mer de surcroît, le leur remettaient en main propre. Cette donne ayant évolué dans le sens d'une prise de conscience du risque financier lié à la très forte dépendance des importations, et du risque économique lié à la très forte dépendance des opérateurs étrangers, les conditions d'invasion économique ont régressé en faveur d'un nationalisme économique institutionnalisé qui ouvre la voie, par le discours et les moyens, à une économie locale en mesure de développer, par elle-même, les conditions de son indépendance. Cette indépendance est tributaire de la satisfaction d'une grande soif en développement de la grande majorité des pans de l'activité humaine. Il est évident que les deux décennies 1980 et 1990 ont été l'espace d'un grand retard en matière de développement, à quoi s'ajoute la démarche, non moins engageante, d'arrimage de l'économie algérienne à l'économie mondialisée, avec les impératifs de réhabilitation industrielle, de mise à niveau des entreprises, de la formation et de la recherche scientifique, et de redressement des activités sectorielles et locales. Il est clair que cette manne ne risque pas de rester entièrement dans le circuit local, notre économie, nos industries, dépendant encore largement d'équipements et de technologies importés d'ailleurs, mais il est possible, aujourd'hui, d'éviter que des marchés pouvant être pris en charge localement, soient récupérés par des opérateurs étrangers qui, en définitive, recourent aux compétences locales pour les réaliser.