Le dernier tour de piste met sur orbite le scrutin du 10 mai aux enjeux décisifs en termes de stabilité et de construction démocratique chèrement acquises. Que la culture de l'amnésie et du révisionnisme historique investisse désormais le marché du fameux « printemps arabe » pour enterrer le passé colonial génocidaire et taire l'infamie des anciennes complicités criminelles, cela va de soi. Elle est dans la vocation impériale du GMO du démembrement irakien, de la bombe confessionnelle à retardement, de l'implosion libyen et des dérives sanglantes en Egypte et en Tunisie. Tous à l'école algérienne du combat républicain et de la résistance populaire à l'assaut terroriste de la déstabilisation à grande échelle. Faut-il tout oublier et enterrer les vérités algériennes pour verser dans la sacralisation des mythes éculés ? Amara Benyounès le rappelle à l'évidence. « L'Algérie, le premier pays arabe à avoir pratiqué la démocratie depuis 20 ans, n'a pas besoin de recevoir de leçons de pays étrangers, ni de soutien en matière de démocratie, de droits de l'Homme ou de multipartisme », relève opportunément le patron du MPA (Mouvement populaire algérien). De la ville de Mekla revisitée par les faiseurs du chaos, à Tam menacée dans sa quiétude légendaire jusqu'aux tensions entretenues aux frontières du Sud, la main criminelle tente de ranimer le brasier éteint. Vigilance. Dans l'appel « aux urnes citoyens », lancé de Paris par le collectif des anciens moudjahidine de la Wilaya 7 et des associations du 41 (2.000 adhérents) qui se déclarent « apolitiques mais patriotiques », le sursaut novembrien et démocratique est invoqué pour combattre l'abstentionnisme. « Nul n'a le droit de s'abstenir de prendre part à la confrontation démocratique ouverte en Algérie », estiment les signataires. L'argumentaire repose sur le fait que « depuis l'antiquité, on n'a pas découvert meilleur moyen de s'exprimer que le vote, quintessence sublime de la démocratie ». Ce « geste de solidarité nationale », magnifié par l'Algérie en lutte contre le chantage terroriste du « sendouk (urne) au sendouk (tombe) » de triste acabit, vaut pour le million de votants de la communauté établie à l'étranger appelée à valider, à partir d'hier jusqu'au 8 mai (pour les électeurs établis en France en raison de l'élection présidentielle française), les 8 sièges que se disputent 65 listes de 29 partis et de deux indépendants. Fait significatif : la situation sécuritaire empêche la tenue de la consultation électorale des 4.000 électeurs de Gao (nord malien) hantée par l'Aqmi, d'Agadez (nord nigérien) et de Sebha (sud libyen) en effervescence. Un autre déclic ? Dans les législatives des réformes démocratiques et de la nécessaire stabilité, le temps du rassemblement national prône la mobilisation de la classe politique, toutes tendances confondues, pour rompre avec le défaitisme des partisans du boycott, jamais vécu dans aucun pays à tradition démocratique. Face à l'algéro-scepticisme, symptomatique de la tendance mortifère inscrite dans la « régression féconde » rééditée, la constitution du front uni est l'expression du plébiscite du changement tranquille et de la solution nationale et démocratique. Un changement tranquille, porteur de nouvelles espérances et sollicitant le compter-sur-soi par la voie électorale. « Les regards sont aujourd'hui fixés sur l'Algérie qui, pour avoir apporté, hier, la preuve du génie de sa Révolution, est capable de donner un exemple de pondération en matière de consolidation du processus démocratique », a indiqué le président Bouteflika dans un message adressé au SG de l'Union générale des travailleurs algériens à l'occasion de la fête internationale du Travail. Dans un nouvel appel au vote massif « aux perspectives d'avenir » à fort impact sur le destin national, Bouteflika tire les enseignements des législatives pas comme les autres. « Tous doivent être parfaitement conscients qu'une participation massive ouvre la voie à la consolidation des assises de l'Etat et qu'un Etat fort est un Etat capable de défendre le citoyen et de sauvegarder la souveraineté nationale et la cohésion du pays, dans un contexte international prêtant à de multiples interrogations », dira-t-il. Au fond de l'urne : le rendez-vous historique de l'Algérie du cinquantenaire avec elle-même, en termes de promotion des valeurs fondamentales et de patrimoine historique, et sa place dans le concert des nations libres.