A l'unanimité, ils espèrent que M. Hollande respecte ses engagements vis-à-vis de l'Algérie. Il convient de rappeler que lors de son déplacement au mois d'avril dernier à Alger, il a exprimé sa volonté de « régler définitivement tous les contentieux du passé colonial entre l'Algérie et la France ». Il avait même reconnu le fait que « les mémoires collectives respectives de l'Algérie et de la France sont encore travaillées par des blessures d'un passé mortifère » mais il a rassuré que « les liens qui les unissent sont si profonds que les échanges naturels, humains n'ont jamais cessé ». Le FLN, dont le SG Abdelaziz Belkhadem avait invité M. Hollande en 2010 et au mois d'avril 2012, se félicite de la « brillante victoire » du leader du parti socialiste. Kassa Aissi, chargé de communication, a informé que Abdelaziz Belkhadem a adressé ses félicitations au désormais Président de la France. « Le FLN a des relations denses et continues avec le parti socialiste français », précise M. Aissi. Selon lui, l'élection de Hollande « ouvrira des perspectives nouvelles pour les deux peuples ». Le FLN a mis l'accent sur la nécessité de conjuguer les efforts pour les causes justes à travers le monde et pour œuvrer à la décolonisation et le respect des droits des peuples à l'autodétermination. Pour le RND, le plus important c'est que les relations entre les deux pays soient consolidées dans le respect mutuel. Seddik Chiheb, membre du bureau national du parti de M. Ouyahia a souligné, toutefois, que le RND n'a pas à être satisfait ou non par rapport à cette élection. « J'espère seulement que les relations soient apaisées et moins conflictuelles », dit-il. Il ajoutera que le RND a de tout temps plaidé pour « qu'il y ait des relations de confiance entre les deux pays compte tenu des dénominateurs et intérêts communs ». Le RND souhaite que « la France respecte l'Algérie dans sa souveraineté entière et particulièrement historique, d'autant qu'il y a une mémoire à préserver ». Le chargé de communication du MSP, Kamel Mida, estime, pour sa part, que le choix des Français « pourrait être bénéfique pour l'Algérie ». « Nous espérons que l'actuel président prendra en charge tous les points de divergences rencontrés sous la présidence de Sarkozy, de régler le problème des émigrés et surtout d'abroger la loi qui glorifie le colonialisme et qu'il ne s'immisce pas dans les affaires internes de l'Algérie », soutient-il avant de déplorer que le président sortant a toujours « défavorisé l'Algérie par rapport aux autres pays du Maghreb ». REPENTANCE : « CE DOSSIER EST LIE À L'ETAT FRANÇAIS » Reste la grande question : la France demandera-telle pardon pour ses crimes coloniaux ? Smaïl Maaraf, politologue et expert en géostratégie, observe que la reconnaissance des crimes coloniaux, autrement dit la repentance, un point qui a fait l'objet de controverse dans les relations bilatérales, ne dépend pas du Président Hollande. « Ce dossier est délicat et profond. Il n'est pas lié directement au Président mais à l'Etat français et comme le système dans ce pays n'est pas présidentiel, le parlement a son mot à dire sur cette question », précise-t-il. Néanmoins, Dr Maaraf fait observer que ce changement à la tête de l'Etat français ouvrira de nouvelles perspectives qui permettront de renforcer les relations avec l'Algérie. « Cette élection va inéluctablement créer un climat favorable et positif autour des relations de ce pays avec le nord de l'Afrique, notamment avec l'Algérie », soutient-il. Pour ce politologue, M. Hollande n'hésitera pas à « ouvrir tous les dossiers en suspend entre les deux pays et faire un diagnostic réel sur les négociations déjà engagées particulièrement par rapport à nos ressortissants ». Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande œuvrera incontestablement, selon M. Maaraf, à l'amélioration des conditions de la communauté étrangère. Pour appuyer ses dires, il a souligné que le fait que « le parti socialiste compte parmi des militants d'origine algérienne qui occupent des postes importants, renseigne fort sur le respect et la considération que porte ce parti pour les Maghrébins d'une manière générale ».