Selon le rapport préliminaire de la LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l'homme), le citoyen algérien est laissé pour compte durant la campagne électorale, non seulement par les organisations et administrations officielles mais aussi par les médias audiovisuels et presse écrite. Dans ce rapport, fruit d'une opération monitoring des médias durant la campagne électorale, engagée par la LADDH en partenariat avec le groupe arabe de monitoring médias (AWGMM) et l'organisation internationale Médias upport, les observateurs ont constaté une totale absence de l'éducation électorale. « Aucun des médias n'explique en quoi consiste le vote, comment et pourquoi voter, le mode de scrutin, comment s'inscrire...L'Algérie compte 3 millions d'électeurs nouveaux qui ignorent peut-être tout de l'opération de vote », a indiqué, hier, dans une conférence de presse, Amirouche Nedjaa, directeur exécutif de AWGMM, en précisant que les résultats préliminaire de cette opération de monitoring concernent seulement la période allant du 15 au 25 avril. L'autre constat sur les médias observés (9 titres de presse quotidienne nationale privée et publique, l'ENTV, Ennahar TV, Echourouk TV et les chaînes radiophoniques I, II et III), est le traitement inégal des acteurs politiques. Dans la presse publique, les membres du gouvernement en lice pour les élections législatives occupent 20,52% des espaces consacrés à la campagne électorale alors que plus de 20 nouveaux partis politiques partagent un espace de 11,79%, soit moins de 01% pour chaque parti. Idem pour la presse privée qui consacre 21,11% de l'espace de couverture aux membres du gouvernement alors que plus de 20 partis se partagent un espace de 8,75%. Cela dit, si la presse publique n'a donné aucun espace pour les indépendants et les partisans du boycott, la presse privée a réservé à ces derniers 3,35% de ses espaces. L'ENTV : UNE COUVERTURE EQUILIBREE Pour ce qui est des médias lourds, le même constat est fait concernant le traitement inégal des acteurs politiques bien que l'ENTV, souligne M. Amirouche, s'est distinguée par une répartition relativement équilibrée par rapport aux autres types de médias. « Mais il est clair que les espaces sont accordés selon l'importance de chaque parti politique », précise M. Nedjaa. Au niveau de tous les types de médias, les activités liées à la campagne (meetings, sorties sur le terrain...) ont occupé la plus grande couverture avec plus de 70%. « Nous avons également constaté l'absence du journalisme d'investigation et de proximité, au niveau de la presse écrite notamment, où les reportages ne représentent que 0,73% des espaces alors que 64,41% des espaces sont constitués de comptes rendus », révèlent les observateurs. Par ailleurs, signale M. Nedjaa, les femmes n'ont occupé qu'un espace rédactionnel de l'ordre de 5,38% alors que les hommes ont occupé un espace de plus de 79%. « Pourtant, on compte lors de cette campagne électorale 7700 candidates femmes », souligne-t-il en faisant savoir que le rapport final de l'opération de monitoring sera présenté au mois de juin. Le rapport, indique pour sa part Mohamed Benssaad, président de la LADDH, sera remis aux pouvoirs publics et aux médias sous forme de recommandations pour améliorer le secteur.