Les partis politiques qui se sont inscrits dans ce processus électoral en promettant de redonner à l'APN ses lettres de noblesse partent du principe que le système législatif n'a pas été à la hauteur des attentes. RND : « PROCEDER AUTREMENT » Pour changer cette donne, il faudrait, selon Miloud Chorfi, chargé de communication du parti du Premier ministre, procéder « autrement », en vue de faire de l'APN un espace où « s'épanouit la véritable démocratie ». Il rappelle à ce titre que sa formation avait déjà formulé des propositions en ce sens à la commission des réformes, et le RND avait fait savoir clairement que le gouvernement devrait être comptable de son programme devant l'APN. Pour lui, le contrôle du Parlement sur le gouvernement devra être renforcé avec : « Une session parlementaire unique de 10 mois, une obligation pour le gouvernement de répondre aux questions orales dans un délai maximal de 30 jours, un Conseil de la Nation ayant le droit d'amender des projets de loi tout en réduisant la majorité requise en son sein à la majorité simple pour les projets de loi et à la majorité des deux tiers pour les projets de loi organiques. » Le RND est également pour le « renforcement de l'image du Parlement » et « une promotion du rôle de l'opposition en son sein » notamment en « instituant le droit pour un cinquième des députés, de saisir le Conseil constitutionnel sur un projet de loi voté par la majorité ». ALLIANCE VERTE : « OBLIGER LES MINISTRES À REPONDRE À TEMPS » Kamel Mida, chargé de communication du MSP, qui se prononce au nom de l'Alliance de l'Algérie verte (MSP, El Islah, Ennahda), estime que dans la prochaine Assemblée, il faudrait attribuer davantage de prérogatives aux députés. « Car ce sont ces élus qui ont subi les foudres des citoyens, qui souvent leur reprochent leur manque d'engagement et leur passivité face à leurs problèmes quotidiens », note M. Mida. Tout en plaidant pour un régime parlementaire, il tient à préciser qu'il faudrait en premier lieu obliger les ministres à répondre « à temps » aux questions des députés, car souvent les réponses interviennent en retard, voire même dans un contexte autre que celui ayant stimulé l'interpellation du représentant de l'Exécutif. L'Alliance de l'Algérie verte considère aussi qu'il est grand temps d'amender le règlement intérieur de l'APN pour engendrer un travail législatif crédible et fiable qui puisse concurrencer le travail exécutif ayant jusque-là pris le dessus sur le travail législatif. « La majorité parlementaire n'a pas assumé pleinement son rôle de contrôle. Ce qui a induit cette prédominance de l'exécutif sur le législatif. Si toutefois les députés ne laissent passer aucune défaillance, cela épargnerait au président de la République des changements de gouvernement », estime-t-il. EL KARAMA : « LES DEPUTES MANQUENT DE COURAGE » Mohamed Benhammou, président du parti El Karama, inscrit quant à lui les carences du passé dans le cadre « de l'apprentissage démocratique ». Selon lui, les prochains députés doivent avoir la maturité, la formation et le courage politique et surtout le nationalisme nécessaire. « Comment voulez-vous qu'un député venu à l'APN grâce au système des quotas puisse contredire un ministre ? », s'interroge-t-il en suggérant de libérer les esprits pour ériger un Parlement fort et crédible. Pour ce faire, il faudrait mettre en place un règlement intérieur de l'Assemblée « sévère », pour que le député ne soit pas uniquement motivé par les salaires qu'il perçoit. M. Benhammou précise que l'Etat débourse annuellement pour chaque député plus de 76 millions de centimes en frais d'hôtellerie et prend en charge aussi deux billets d'avion par mois, « sans que le député ne fasse acte de présence lors des travaux ». « Il faut mettre fin à cela, en procédant à l'amendement des rémunérations des parlementaires », propose-t-il. PLJ : « PLAIDOYER POUR UN REGIME PARLEMENTAIRE SPECIFIQUE » Le Parti de la liberté et de la justice estime qu'il faut commencer d'abord par l'élaboration de la prochaine loi fondamentale du pays pour ensuite parler du travail législatif « dont le rôle n'a pas été à la hauteur des attentes de la société ». Ainsi, le parti de Mohamed Saïd se dit favorable, par la voix de son chargé de communication, Mustapha Hemissi, à un système politique constitutionnel qui s'étalera sur au moins une cinquantaine d'années. Le but : instaurer une stabilité institutionnelle, car, reconnaît-il « durant les années précédentes, l'exécutif avait dominé le législatif et le judiciaire ». Mais M. Hemissi estime qu'« il ne faut pas dénigrer les élus qui n'ont pas fait leur travail dans la mesure où ils ont été choisis par une bureaucratie patente ». Pour les obliger à rendre des comptes au peuple, il faudrait commencer par mener un profond travail au sein des partis politiques qui sont « totalement indifférents aux prestations de leurs députés », souligne-t-il. Concernant l'interpellation du gouvernement, M. Hemissi considère que l'émiettement de la scène politique n'a jamais permis aux députés d'imposer leurs choix au gouvernement. D'où l'appel du PLJ à une rupture totale avec l'état actuel des choses. Une rupture qui devrait toutefois passer par un régime parlementaire spécifique à mettre en application durant une dizaine d'années pour entamer après un régime parlementaire. FFS : « LA VIE PARLEMENTAIRE EST LIEE À LA VIE POLITIQUE » Le FFS, aussi, plaide pour une Assemblée parlementaire « indépendante », et une réduction de la législation par ordonnances qui « a entaché l'image de l'Assemblée supposée refléter la volonté populaire et non pas celle du gouvernement ». « L'hégémonie de l'exécutif sur le législatif doit prendre fin », souligne Ahmed Bitatache, secrétaire national du parti, lequel impute cette médiocrité parlementaire aux choix des candidats souvent établis sous des pressions financières. En ce qui concerne le manque d'initiative parlementaire, M. Bitatache estime que le niveau médiocre politique et législatif des députés empêche la créativité parlementaire, alors que la loi permet aux représentants de la nation de proposer des textes. « La vie parlementaire est liée à la vie politique qui souffre toujours de manque de maturité », résume-t-il. JIL JADID : « UNE IMMUNITE RELATIVE » Sofiane Sakhri, chargé de communication du parti Jil Jadid, soutient que son parti focalisera tous ses efforts durant la prochaine législature pour l'instauration de ce qu'il appelle « l'immunité parlementaire relative ». Il fait remarquer que certains postulants à ces joutes ont payé pour figurer en tête de liste, afin de bénéficier de l'immunité parlementaire. La proposition de Jil Jadid vise justement à poursuivre en justice les députés même en exercice. Au sujet du pouvoir de contrôle du député, M. Sakhri note que les lois le consacrent « mais c'est l'application qui fait défaut ».