« Il a été nécessaire d'adapter les garde-frontières aux nouvelles formes de la criminalité transfrontalière en les dotant d'équipements de surveillance appropriés », explique le commandant régional de la GN de Béchar, le colonel Abdelmadjid Bouzidi. Dans ce cadre, un exercice tactique a été organisé, jeudi, afin de prendre la température des troupes. Cette simulation avait pour thème : « Comment riposter face à une embuscade terroriste, intercepter et neutraliser un groupe de contrebandiers armés ». Car les trafiquants ont eu recours, durant ces dernières années, à l'usage des armes, afin d'introduire la drogue. Cette manœuvre vise « l'adaptation rapide des subordonnées au changement de situation sur le terrain, les préparer à la maîtrise des actes individuels du combattant et tester leurs capacités dans les situations complexes », explique le commandant régional du 3e CR de la GN de Béchar. L'exercice a été minutieusement conçu, afin d'enseigner aux troupes l'esprit d'anticipation et une réaction immédiate. « L'attaque pourrait survenir à n'importe quel moment », signale l'instructeur en précisant que le contrebandier armé ou le terroriste choisit ses moments, ses moyens et son itinéraire pour tenter de s'introduire sur le territoire national depuis le Maroc. Le 9e groupement du GGF (groupement de garde-frontières) de la GN de Menibha a été chargé de l'exécution de cet exercice qui a eu lieu dans la région désertique dite « Oum Chegag » à 10 km de la frontière marocaine. DU SUCRE, DE L'HUILE ET DU SABLE POUR LE CAMOUFLAGE L'opération, qui s'est déroulée sous l'œil vigilant du patron régional de la GN et sous un soleil de plomb, avait, également, pour but de montrer une évidence : l'alliance entre les narcotrafiquants et les terroristes. La saisie d'armes, généralement de guerre, lors des accrochages au niveau des frontières confirme cette thèse. « Des groupes terroristes assurent la protection et la sécurisation des convois des narcotrafiquants en contrepartie d'argent », explique le capitaine Mammeri commandant du 94e escadron Boukaïs. Plus, les trafiquants sont passés maîtres dans le camouflage. Ainsi, les véhicules pris par la gendarmerie sont souvent « teintés » de sable. « Les narcotrafiquants font un amalgame de sucre, d'huile ou de graisse et de sable pour enduire leurs véhicules, afin d'échapper aux patrouilles des GGF », précise l'officier. Pour y faire face, les services de la GN ont été récemment dotés d'un nouveau système opérationnel de géolocalisation. « Il est indétectable et peut localiser tout véhicule », explique le colonel Benbouzid. LE PROJET DE SURVEILLANCE ELECTRONIQUE « EST SUR LA BONNE VOIE » A cette technologie s'ajoute le projet de surveillance électronique des frontières, dans le sud-ouest du pays. « Ce projet est en bonne voie et sera réalisé dans un court délai », affirme l'officier supérieur. Des équipes spécialisées étudient le terrain et les besoins. Ce système permet la transmission des données en temps réel aux commandements mobiles des garde-frontières devant intervenir pour traquer d'éventuels suspects. Il assure la surveillance des frontières, dans le sud-ouest du pays, qui s'étendent sur 2.825 km. La superficie est immense « à l'exemple du 11e Groupement GGF qui surveille 810 km, ce qui représente la distance de Tébessa à Tlemcen », observe le colonel. Pour être le plus efficace possible, la gendarmerie a installé de nouveaux postes avancés sur la bande frontalière au niveau des points stratégiques. A cela s'ajoute le renforcement du contrôle routier, surtout au niveau de la RN 50 reliant Abadla à Tindouf et la RN 6 reliant Béchar à Adrar. En plus, des postes avancés aux endroits sensibles seront érigés le long de la bande frontalière pour renforcer la sécurité au niveau des localités dites A'mi H'ssan et Kemkem, lieux de transit privilégiés des contrebandiers. « Aucune portion du territoire du sud-ouest n'échappe au contrôle de nos services et les GGF, unités d'intervention spécialisées, relevant du commandement régional, sont mobilisés et travaillent dans une coordination sans faille », affirme le colonel Benbouzid. Actuellement, le 3e commandement régional (CR) de la GN qui coiffe les wilayas d'Adrar, Béchar et Tindouf compte 17 escadrons, plusieurs postes avancés et points d'observation des GGF. Le taux de couverture est estimé à 71%. « On envisage un taux de 80% à la fin de l'année 2012, à travers l'ouverture de nouvelles brigades territoriales et la mise en place d'une section de recherches », indique le colonel Benbouzid. Ce déploiement a permis un constat : le bilan présenté sur les activités des GGF relevant du 3e CR de la GN fait état de « recul » des saisies d'armes de guerre et de drogues par rapport aux années précédentes. Ainsi, durant le premier trimestre en cours, les éléments du 9e GGF ont saisi 4 armes de guerre de type kalachnikov. « Le dispositif renforcé a verrouillé les frontières sud-ouest et les narcotrafiquants éprouvent des difficultés pour acheminer la drogue », explique le colonel Benbouzid. Côté équipement, le lieutenant colonel Abdelhamid Kerroud, chef de la cellule de communication auprès du commandement de la GN a souligné que les unités opérationnelles au sud sont équipées graduellement de nouveaux véhicules tout-terrain de marque Mercédès. « Ce sont des véhicules destinés aux GGF et aux unités opérationnelles. Ils sont puissants et dotés d'une boite de vitesse automatique ».