Si sous d'autres cieux, le jogging fait partie des pratiques quotidiennes incrustées dans les habitudes des citoyens, faire du footing à Alger n'est pas chose aisée. En raison du manque d'infrastructures sportives ou faute de ne faire partie d'aucune association, les coureurs s'exposent à la pollution et surtout aux différents dangers de la route pour faire le jogging et garder toujours la forme. Ces mordus de l'efforts physique sont-ils conscients des dangers qu'ils courent à chaque fois qu'ils se mettent en action ? Samir, jeune moniteur de sport de fonction, réside à Alger-Centre et travaille dans un CEM à Kouba. Il déclare : « Ça fait 10 ans que je fais tous les jours le chemin du retour en faisant du footing. Cela m'a permis de garder toujours la forme et je compte continuer de cette manière ». Le pont du Monument des martyrs lui a facilité la tâche. « Au lieu de descendre jusqu'au Ruisseau et prendre le front de mer, maintenant je traverse le pont du Monument, je passe par El Madania et je descends à la place du 1er-Mai, je traverse l'hôpital Mustapha-Pacha et je suis chez moi », a-t-il retracé son parcours. Samir est conscient du danger, mais il répond d'une manière philosophique : « Je dois rentabiliser tous les instants de ma vie ». Abdellatif est l'un des fidèles du stade de Qâa Essour à côté du musée du Bastion 23 à la basse Casbah. « Je viens ici tous les week-ends, et depuis 2004, année de mon installation à Alger, pour faire mes deux heures de footing », a-t-il indiqué. Ce quinquagénaire regrette le manque d'infrastructures sportives, au niveau de la capitale. « Au stade, je ne risque pas grand-chose. Il y a moins de pollution et aucun danger pour moi », dira-t-il. Sid-Ahmed et Idir, tous deux étudiants à Alger et résidents à la cité universitaire de Bouraoui. Ils prennent à chaque fois l'autoroute Est de la capitale pour faire leur footing. Ils vont de Ruisseau jusqu'à Cinq-Maisons, près d'El Harrach. « On aurait aimé avoir une carte d'accès gratuite ou payer un prix symbolique pour faire le footing au Jardin d'Essai, mais le directeur du Jardin a indiqué que s'il les autorise, il y aura plein de monde qui feront la même chose. Payer 60 DA à chaque entrée au Jardin n'est pas chose évidente pour un étudiant qui ne vit que de sa bourse », ont-ils avoué. Courir sur les autoroutes n'est pas donc un choix pour eux. Ces étudiants savent que l'activité physique n'est pas conseillée sur les parcours où les échappements des véhicules salissent au quotidien. « Nous sommes conscients que nous nous exposons à de multiples dangers mais nous sommes vigilants, nous n'avons pas d'autres choix ! Que voulez-vous faire ? Nous aimons le footing. Qui aime bien châtie bien », ont-ils indiqué. Omar est plus chanceux que les autres. Avec une petite connaissance, il a pu se procurer une carte lui permettant d'accéder au stade Ferhani de Bab El-Oued. Avant, ce fervent des activités physiques visant à améliorer sa condition physique, court jusqu'à Miramar et parfois jusqu'à Ain Benian. Une fois, il a été percuté par une voiture mais, heureusement sans gravité. Il a cessé de partager les routes avec les véhicules. Une fois qu'il a pu se procurer ce « visa », il dit qu'il est très à l'aise. A travers ces déclarations, l'on constate que les infrastructures sportives communales font, il faut bien l'admettre, cruellement défaut dans la grande majorité des localités de la capitale. Bien souvent même quand elles existent, elles jouent très mal le rôle qui leur est dévolu. Elles se montrent, en effet, et dans la majorité des cas, pratiquement inaptes à offrir les conditions essentielles permettant aux jeunes de renouer ou de découvrir le sport de proximité, au point où beaucoup d'Algérois ignorent certainement que seules trois daïras sur les treize que compte la capitale abritent de nos jours un complexe sportif répondant aux normes internationales, selon les dernières données du ministère de la Jeunesse et des Sports. Ces trois daïras sont celles de Rouiba, Dar El-Beïda et Bab El-Oued. Toutes les autres, à savoir dix, demeurent malheureusement privées de ces infrastructures nécessaires à l'épanouissement des jeunes.