La CEDEAO annonce que quiconque remettra en cause la transition, sera immédiatement passible de sanctions, y compris individuelles. Réunis en « convention souveraine » depuis lundi au centre international de conférences de Bamako, ses membres ont décidé dans la nuit de mardi à mercredi, d'instituer, l'autoproclamé général, le capitaine malien Amadou Haya Sanogo, en lieu et place de Traoré qu'ils ont agressé, lundi soir, dans son bureau avec la complicité des militaires présents au Palais de Koulouba, l'enceinte présidentielle. « Nous l'avons chicoté et nous le referons s'il ne s'en va pas ! » disent-ils menaçant de s'en prendre la prochaine fois à l'intégrité physique du président par intérim. Pour eux, même le délai de transition sera défini par le président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE). « La constitution prévoit un intérim de 21 à 40 jours » et « la prise de décision concernant la gestion de la transition est une question de souveraineté » disent-ils, suggérant à la CEDEAO et aux « pays amis épris de paix » de donner la priorité au Nord du Mali contrôlé depuis près de deux mois par des groupes armés, dont des islamistes, et d'aider le capitaine Sanogo d'organiser avec « une administration neutre et impartiale, les élections transparentes et crédibles ».Décodés, ces propos traduisent une défiance de l'armée, d'une bonne partie au moins, du pouvoir incarné par le président intérimaire auquel la résolution de la Copam en appelle à son « sens civique élevé et patriotique » pour se retirer et de la CEDEAO présentée comme un « syndicat des chefs d'Etat » cherchant à exercer son « diktat » sur Bamako et à diviser le Mali en deux, avec le déploiement de 3000 militaires à Bamako. Un déploiement que les amis de la junte disent attendre de pied ferme. Fait curieux, le capitaine, qui a eu son statut de chef d'Etat, n'a pas réagi à la décision de ses partisans de le nommer président de la transition et... à la contestation par ses amis de l'accord qu'il a passé, dimanche dernier, avec la CEDEAO. Faut-il craindre des lendemains incertains pour le Mali ? Divisé entre le Nord et le Sud, après le putsch du 22 mars, il l'est désormais aussi à Bamako où les pro-putschistes et les amis de la CEDEAO pourraient être amenés à solder leurs comptes à tout moment. Peut être à l'ouverture d'une enquête par la CEDEAO « pour situer les manquements au niveau sécuritaire » lors de la tentative d'assassinat de Traoré qui « remet en cause tous les acquis » qui allaient dans le sens de la normalisation, « selon Djibrill Bassolé, le chef de la diplomatie burkinabée et médiateur de la CEDEAO. Comme beaucoup de diplomates africains, il est convaincu que l'Union africaine ne tardera pas à passer le flambeau au Conseil de sécurité sur cette question malienne.