Après trois semaines de négociations menées à Gao, sous le regard vigilant des chefs de l'Aqmi, la fusion entre le MNLA et Ansar Dine, pour antagonique qu'elle soit, confirme en fait la place prépondérante du mouvement islamiste et, surtout, de l'Aqmi maître du jeu. Car, jusque-là, tout sépare les deux mouvements aux objectifs et aux idéologies différents : la laïcité prônée par le MNLA et la mission dévolue à Ansar Dine visant à appliquer progressivement la charia sur l'étendue du Mali. Le compromis douteux des deux protagonistes qui se disputent le leadership sur l'Azawed, érigé en no man's land, n'a pas encore révélé tous ses mystères. Mais, la dissolution et la proclamation d'un conseil transitoire de l'Etat islamique de l'Azawed entérinent de facto la partition malienne porteuse du risque de la somalisation d'un pays éclaté et tenaillé par la crise politique pénalisante. « La médiation ouest-africaine salue, selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, toute dynamique allant vers la cohésion entre les différents mouvements armés, l'essentiel étant que ce groupe choisisse l'option d'une solution négociée au conflit, préserve l'intégrité territoriale du Mali et abandonne la terreur et le terrorisme comme moyens d'action ». Face à l'union des sécessionnistes, les maîtres de Bamako s'installent dans la lutte de sérail aux conséquences néfastes pour la stabilité et la sécurité nationale et régionale. La transition, pourtant réglée par voie de négociation et régie par l'Accord de la Cédéao, est ainsi l'otage de la volonté des putschistes d'assurer la mainmise sur le pouvoir qui ne saurait échapper au capitaine Amadou Haya Sanogo plébiscité par la « convention nationale souveraine » et préféré au président intérimaire Dioncounda Traoré, désigné par la Cédéao, et forcé au retrait pour cause d'hospitalisation au Val de Grâce parisien. La crise s'aggrave. En l'absence du président intérimaire, maintenu sous surveillance médicale, la continuité est assurée par le Premier ministre, Cheïkh Modibo Diarra, pour maintenir la dynamique de sortie de crise. Dans son périple qui l'a conduit à Abidjan et Ougadougou, assurant respectivement la présidence de la Cédéao et la médiation, le Premier ministre malien prône la recherche d'un dialogue avec les « groupes armés » pour arriver à une « entente entre Maliens ». Il a exclu pour le moment l'intervention militaire de la Cédéao. A la sortie de son audience avec le président ivoirien, Alassane Ouattara, il a affirmé à la presse que « quand nous ferons la requête, cette force sera prompte à intervenir ». En attendant, qui sauvera le Mali de la menace d'al Qaïda et de la partition ?