Au début, il n'y avait rien dans cette région saharienne située à 70 km de la ville de Hassi Messaoud. Que du sable. A perte de vue. Mais après étude, les experts de Sonatrach ont jugé que cette région est faite pour accueillir la nouvelle ville de Hassi. Une région idéale car, d'un côté, elle ne porte pas du pétrole dans ses entrailles, et d'un autre, elle est assise sur une nappe phréatique. C'est ainsi qu'au mois de mai 2009, la première phase de ce projet est amorcée. «Avant la construction de la ville, il fallait tout d'abord lui assurer une protection contre les vents chauds du sud et les vents de sable. Lui assurer aussi un environnement climatique adéquat. Nous avons donc pensé à réaliser une bande verte qui entourerait la ville», explique M. Hamadi, ingénieur en agronomie et superviseur de cette opération. Petit à petit, la région déserte jusque-là, commença à changer d'allure. Tout d'abord, des panneaux d'électricité ont été implantés sur une étendue de 16 km, tout au long de la route qui mène vers la nouvelle ville. Ce sera ensuite le tour des forages d'eau, effectués au pied de la nouvelle ville, pour l'irrigation des futurs palmiers. «Nous avons réalisé huit forages d'eau et procédé à l'installation de six bassins de contenance. Chaque bassin est équipé d'un système d'irrigation automatique et de filtrage. Après cela, nous sommes passés à l'opération de traçage pour l'implantation des jeunes palmiers», explique le superviseur de la bande verte. Les jeunes palmiers sont ramenés de Ouargla tandis que les tamaris proviennent d'Oum El Bouaghi et de Djelfa. 70 000 palmiers environ devaient être implantés. «Quand les agriculteurs de la région ont eu vent de ce projet, ils étaient sceptiques. Implanter des milliers de palmiers en 18 mois était impensable pour eux. D'autant plus que la qualité du sable ne s'y prêtait pas. Trop sec, le sable conserve difficilement l'humidité. Ce projet est une première dans la région, réalisé en plus avec un budget moins colossal que celui déboursé d'habitude dans les projets agricoles. Si l'on compte l'électricité, le projet global nous a coûté 50 milliards de centimes environ», dit-il. Quatre mois pour verdir le désert En quatre mois seulement, les implantations ont été effectuées à 75% alors que les agriculteurs ont estimé que pour cette opération, il fallait au moins quatre saisons. «Grâce à ce projet, les agriculteurs de la wilaya de Ouargla ont pris conscience qu'ils pouvaient réaliser énormément de choses en matière agricole, avec en plus des budgets moins importants qu'ils ne le pensaient», estime-t-il. Des milliers de jeunes palmiers sont plantés côte à côte et juste derrière, les plants de tamaris. Ces derniers qui atteindront entre 3 et 4 mètres, protégeront les palmiers des vents de sable. Les plants sont si bien alignés qu'on les prendrait, de loin, pour une armée de petits soldats ! «Ces arbres constituent la bande verte du côté sud de la future ville. Elle s'étend sur six kilomètres, soit 900 hectares. Au fur et à mesure que la nouvelle ville sera construite, la bande verte s'étendra vers les autres côtés de la ville, pour former ainsi une sorte de bouclier. Autour de la bande verte, nous avons mis en place un merlon ou ce qu'on appelle un brise-vent pour la protéger des animaux. Nous avons déjà la visite de quelques rongeurs !», reprend M. Hamadi. Par ailleurs, la bande verte a d'autres «prérogatives» que la protection de la future ville. Elle est destinée également à l'exploitation. «Nous avons opté pour trois genres de dattes. Il s'agit de Deglet Nour, Deglet el Ghers et Degla el Beida. Si tout va bien, ces palmiers nous donneraient des dattes d'ici quatre ans», fait-il savoir. Grâce à ce reboisement, un grand changement s'est opéré dans la région. Des insectes qui n'y existaient pas y ont élu domicile. Un micro climat s'est, en plus, formé, prêt à accueillir toutes espèces et formes de vie. D'ici la fin du mois de juin, l'opération de boisement sera terminée. Une autre opération va commencer. Celle de l'entretien de la bande verte et des systèmes d'irrigation. Mais pour cela, il faudrait un autre cahier de charges.