Bassora entend s'aligner sur le statut du Kurdistan autonome. Du nord au sud irakien, l'héritage de la balkanisation caractérise le destin du « nouvel Irak » voulu libre et souverain, mais néanmoins promis aux incertitudes du démembrement de l'Etat national et de la guerre confessionnelle qui fait rage. Ce sont là les conséquences du « printemps irakien » conçu comme un modèle de la démocratisation de la région. A l'heure du désengagement américain, signifiant la fin solennellement proclamée des guerres en Irak et en Afghanistan, la flambée autonomiste s'étend à toutes les provinces irakiennes et, notamment, le sud chiite qui revient à la charge. Obama, en ce « Memorial Day », peut toujours se vanter de tirer les « leçons » du Vietnam et de tourner la page sombre de l'invasion irakienne. Mais la responsabilité du chaos irakien reste entière et pose la question incontournable de l'impunité. Qui assumera et payera le prix des guerres jugées « impulsives » et « idiotes » ? L'Irak, du malaise confessionnel et communautaire, plombé par la crise politique aiguë qui oppose le gouvernement chiite d'El Maliki tant à ses rivaux sunnites du bloc Irakia qu'aux Kurdes dénonçant les méthodes autoritaires, est aussi confronté à la remontée en surface de la revendication autonomiste. Trois ans après l'échec d'une première tentative jugée alors prématurée et porteuse de risque de conflits, elle a été réitérée par le chef du conseil provincial de Bassora, Sabah al-Bazzouni. Il s'appuie sur l'article 119 de la Constitution irakienne qui garantit qu'« un ou plusieurs gouvernorats ont le droit de s'organiser en région en s'appuyant sur une requête qui doit être approuvée par référendum ». Au cœur de la tourmente, le gouvernement contesté d'El Maliki a donc fort à faire pour régler le contentieux du vice-président sunnite, Tarek el Hachemi, en fuite, et le dossier épineux du Kurdistan criant au « nettoyage ethnique ». Cette accusation a été lancée par le neveu du président kurde, le Premier ministre, Nechirvan Barzani, relayant la dénonciation de Massoud Barzani qui a reproché à El Maliki de « tuer le processus démocratique ». Dans ce « printemps » de toutes les mystifications et du dépeçage en règle, l'Irak se relèvera-t-il du piège confessionnel et communautaire légué par l'Amérique pliant bagage après avoir semé les germes du chaos ?