Aujourd'hui, l'Algérie arrive plus ou moins à nourrir ses enfants. En produits de base, notamment. Mais d'ici 2020 ou encore 2050 quand la population doublera pourra-t-elle toujours l'assurer ? Le pain, le lait et l'eau seront-ils disponibles aux mêmes prix que ceux pratiqués actuellementCe sont là des questions qui ont constitué hier l'objet du forum d'Alger à l'initiative du cabinet de consulting Emergy. En réponse à ces questions, les intervenants ont exprimé des doutes malgré les assurances des délégués des institutions publiques. Le représentant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Fouad Chehad, estime, en effet, que, du moment que l'Algérie n'importe pas les légumes frais, elle peut prétendre à l'autosuffisance alimentaire. « Ceux qui disent que l'Algérie est encore loin de la sécurité alimentaire, se leurrent. Certes, nous importons les céréales, mais tout ce qui est sur la table des consommateurs en matière de légumes frais et même des fruits, provient du marché national », assure-t-il. L'Algérie n'importe pas non plus, poursuit-il, de viandes blanches et 80% de viandes rouges sont produites localement. Seulement, précise pour sa part, Akli Moussouni, ingénieur agronome, pour ce qui des viandes blanches, toutes les « pièces détachées », en clair tous les intrants (aliments, vaccins...) sont importées. « Il faut être réaliste. L'Algérie est dépendante en matière de produits alimentaires. Les produits exportés ne représentent que 0,0035% contre 8,5 milliards de dollars d'importations. Tant que nous importons le lait, les céréales et les légumes secs, nous ne pourrons parler ni d'autosuffisance, ni de sécurité alimentaire », affirme-t-il. Le problème qui se pose au niveau de notre économie, explique-t-il, c'est qu'elle se dit libérale avec un esprit socialiste. « Nous avons importé une économie libérale sans importer son mécanisme. Jusqu'à présent, les mécanismes de cette économie ne sont pas présents, encore moins appliqués. Le financement de l'Etat s'inscrit dans la durabilité au lieu d'aider les producteurs à voler de leurs propres ailes. C'est pour cette raison que la situation économique est embrouillée, que les objectifs de développement ne sont pas précis », dit-il en soulignant que la stratégie agricole adoptée n'est pas fiable et ne peut être appliquée efficacement sur le terrain. « Dans la filière lait par exemple, les efforts de l'Etat sont concentrés sur la collecte aux dépens de la production. Mais comment peut-on améliorer la récolte si la vache produit toujours la même quantité ? », s'interroge-t-il. Un avis qui n'est pas partagé par le représentant du ministère de l'Agriculture qui assure, au contraire, que cette stratégie n'est pas à changer, mais juste à améliorer. Cela dit, il reconnaîtra que sans pétrole, l'Algérie ne pourra pas nourrir les citoyens. « Car nous n'avons pas de plus-value, pas de valeurs ajoutées conséquentes. L'industrie ne représente que 05 % de la valeur ajoutée et l'agriculture 10%, seulement. N'empêche qu'il y a des efforts qui sont fournis et des résultats ! » conclut-il. Farida Belkhiri. Le citoyen consomme 1.5 kg de produits avariés par an La sécurité alimentaire signifie aussi, selon Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la disponibilité de produits en qualité et en quantité. « Or quand le citoyen algérien ne consomme que 12 kg de viandes par an contre 25 kg, selon la norme internationale et que 1,5 kg de produit alimentaire par habitant est avarié, nous sommes encore loin du compte en matière de sécurité alimentaire », note-t-il.