Le mouvement de redressement du Front national algérien (FNA) compte aller jusqu'au bout de son action de protestation contre la direction actuelle. Abdelkader Drihem, chef de file des dissidents a annoncé, hier, l'organisation, avant le 21 juin, d'un congrès extraordinaire du parti. Confiants quant à l'aboutissement de leur initiative, les « redresseurs », affirme-t-il, comptent « frapper fort » en réussissant à réunir « pas moins de 2 000 militants à travers les 40 wilayas du pays ». Certes, M. Drihem maintient jusque-là le flou quant à la date exacte et lieu de ce rendez-vous, il n'en demeure pas moins que les préparatifs vont bon train, soutient-il. « Nous avons déjà déposé notre demande auprès du ministère de l'Intérieur et nous attendons la réponse qui devrait nous parvenir tout au plus mercredi prochain. Sinon, toutes les conditions sont réunies pour l'organisation de cette rencontre tant attendue par les militants du parti qui veulent en finir avec la direction actuelle ». Pour l'ex-président du groupe parlementaire du FNA, Moussa Touati ne pourra pas organiser le congrès du parti. Pour diverses raisons, entre autres la décision du Conseil national et des présidents des bureaux de wilayas de lui retirer leur confiance. Dans cette optique, il a indiqué que sur les 161 membres du Conseil national, seuls 13 le soutiennent. Il a souligné que ce sont les cadres et responsables du parti au niveau régional qui font la force du FNA et nullement la politique « défiante » et « limitée » de M. Touati. M. Drihem rejette en bloc les accusations de ce dernier, selon lesquelles les dissidents couraient derrière leurs intérêts personnels. « C'est inconcevable. Il faut savoir que c'est tout le parti qui ne veut pas de Touati qui, par sa gestion catastrophique, a provoqué le déclin du FNA, dont les résultats des dernières législatives en sont la preuve la plus édifiante », a-t-il dit. Il lui reproche, aussi, sa politique d'exclusion sans fondement de nombreux cadres du parti. MOUSSA TOUATI BOTTE EN TOUCHE Contacté, le président du FNA, Moussa Touati, a tenu à préciser que son annonce d'organiser un congrès extraordinaire pour le 21 juin prochain n'a rien d'utopique. « C'est une initiative sérieuse effective. Le congrès aura bel et bien lieu le 21 juin à Alger », a-t-il soutenu. Le patron du FNA n'est pas allé de main morte pour qualifier les contestataires « d'intrus » et de « semeurs de troubles ». Mais surtout : « Ils veulent dévier le parti de sa ligne politique stratégique, à savoir un parti d'opposition, pour le normaliser ». Il a affirmé que le FNA est un parti structuré soumis au règlement intérieur qui définit les modalités de l'organisation d'un congrès extraordinaire. C'est ainsi qu'il a qualifié de « langage de rue » les déclarations des dissidents sur cette question. Aux yeux de Moussa Touati, ce sont les intérêts personnels étroits et les frustrations de ne pas avoir figuré sur les listes électorales, qui ont fait « bouger » ces derniers et non la sauvegarde du FNA. « Libres à eux de créer un nouveau parti. Mais pas question de toucher à la stabilité du FNA qui s'apprête à préparer, dans la sérénité la plus totale, les prochaines élections locales », affirme-t-il. Et de poursuivre d'un air imperturbable : « Il faut savoir que le FNA a connu depuis sa création plusieurs mouvements de dissidence sans que ces derniers le fassent disparaître de la scène politique nationale. Notre formation est devenue une école politique qui a donné naissance à une multitude de partis. »