Les choses ne sont pas très claires en Egypte à quelques jours du second tour de la présidentielle. Des milliers de personnes manifestent tous les jours pour exiger le retrait d'Ahmad Chafiq, l'ex-Premier ministre de Hosni Moubarak de la course. Ce dernier y tient. Il a tenu, avant-hier, une conférence de presse pour dire qu'il est l'homme qu'il faut contrairement au candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Les membres de la confrérie seraient, selon lui, des meurtriers qui coopèrent avec des puissances étrangères pour permettre à des criminels de s'évader des prisons et qui sont prêts à tout faire pour leurs propres intérêts dont la vente du canal de Suez et l'abandon du Sinaï égyptien. Mais il n'arrive pas à convaincre les révoltés que le régime de Moubarak est fini. Ces derniers réclament que le Président déchu, ses collaborateurs et ses deux fils soient rejugés. Ils estiment que la procédure de jugement a été une mascarade. Pour eux, il est utile que les âmes des victimes de la révolution de janvier 2011 soient apaisées. Les juges qui affirment travailler honnêtement n'arrivent pas eux aussi à les convaincre. Dans ce climat de tension, certains juges ont haussé le ton. Ils menacent de ne pas superviser le scrutin prévu les 16 et 17 juin. Les Frères musulmans, eux, se présentent comme les sauveurs de la révolution et font tout pour que leur candidat, Morsi, gagne. Ils ont envahi toutes les places d'Egypte pour joindre les jeunes de la révolution qui étaient, lors du premier tour, plus proches du candidat Hamdeene Sabbahi classé troisième. Ce dernier souhaite encore que la loi de l'isolement politique soit appliquée sur Chafiq. La commission électorale doit examiner la constitutionnalité du texte de Loi sur l'isolement, jeudi prochain. Si Chafiq est maintenu, Sabbahi appelle ses sympathisants à boycotter le scrutin, un choix qui ne pourra pas être suivi par beaucoup de pauvres, car la loi électorale égyptienne stipule que l'électeur qui a voté au premier tour doit payer une amende s'il boycotte au second. Dans la place Tahrir où toutes les tendances existent, des femmes ont été attaquées, vendredi soir, par un groupe d'hommes qui les ont sexuellement agressées. Mohamed El Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, prix Nobel de la Paix 2005 et un des hommes politiques les plus respectés d'Egypte s'est excusé auprès de ces femmes. « Je présente mes excuses au nom de tous les Egyptiens, attachés aux valeurs authentiques de la religion, de l'honneur et de l'éthique », a-t-il écrit, hier, sur Twitter.