Le maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a fixé cet ultimatum aux 18 représentants des partis qu'il a reçus mardi soir. Soit d'ici ce soir au plus tard. A défaut, dit-il, le CSFA promulguera « unilatéralement » une nouvelle Constitution. Les partis qui n'ont pas pu s'entendre depuis avril dernier sur la répartition des 100 sièges de l'assemblée constituante pourraient-ils le faire en quelques heures ? Pari quasi impossible. En sus de ce délai, ils doivent trouver un accord avec le Parti justice et liberté. Majoritaire au parlement, le parti islamiste a boudé la réunion avec le CSFA. Les militaires n'arrêtent pas leur menace à la formation de ce panel. La Haute cour constitutionnelle annonce qu'elle se prononcera 14 juin sur la constitutionnalité de l'article de la loi électorale qui « interdit à tout président de la République, vice-président, Premier ministre, président du Parti national démocrate, secrétaire général ou membre de son bureau politique » d'exercer des droits politiques pendant dix ans. Autrement dit, la disqualification du dernier Premier ministre de M. Moubarak du second tour est possible. « La cour a fixé l'audience au 14 juin pour examiner le recours qui lui a été présenté par la commission électorale concernant la loi » dite d'isolement politique, déclare Maher Sami, le porte-parole de la cour, cité par l'agence Mena. Morsi qui a été prié par Hamdine Sabahi et Abdel Moneïme Abou Al-Foutouh, deux candidats éliminés au premier tour, de se retirer du processus électoral pour laisser Chafiq seul, se retrouvera-t-il le 16 juin prochain sans adversaire ? Et, sans légitimité si l'élection est maintenue comme l'attestent les militaires. MOUBARAK SOUS RESPIRATION ARTIFICIELLE Moubarak, qui a été pris d'un malaise samedi à son arrivée dans l'aile médicalisée de la prison de Tora, au Caire, ferait une « dépression nerveuse », selon ses avocats. Selon l'agence Mena, l'ancien président qui a été placé dans la nuit de mardi à mercredi sous respiration artificielle, pourrait être transféré dans un hôpital militaire. Outre ses problèmes de santé, il aurait cessé de s'alimenter aussi, selon sa famille. Au Caire, place Tahrir, des Egyptiens qui ont manifesté mardi contre les verdicts jugés trop cléments dans le procès de l'ex-président Moubarak – le raïs et son ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour la mort d'une partie des 850 manifestants pendant la révolte, mais six anciens hauts responsables de la sécurité ont été acquittés –, refusent de quitter les lieux. Certains ont marqué en fin d'après-midi, avec un rassemblement silencieux, le deuxième anniversaire de l'icône de la répression policière et de la contestation qui a renversé Hosni Moubarak : Khaled Saïd, un jeune Egyptien de 28 ans, battu à mort le 6 juin 2010. Une marche « de deuil » à Alexandrie a eu lieu aussi. Elle a démarré du domicile du jeune homme. D'autres veulent pousser la rue égyptienne à sortir du duel armée/Frères musulmans et remettre en cause le scrutin. El-Baradei, l'éminence grise de la révolution, tire la sonnette d'alarme. « Le pays est au bord de l'explosion », dit-il. Comme beaucoup d'Egyptiens, il dit ne faire confiance ni aux militaires ni aux Frères et qu'il ne peut imaginer Morsi ou Chafiq à la tête du pays.