[image] Par Ghada Hamrouche Quatre jours séparent les égyptiens du second tour de la première élection présidentielle pluraliste et libre. Au fur et à mesure que la date approche, les manifestations se multiplient. Une seule revendication : Ahmed Chafik, ancien premier ministre de Hosni Moubarak, doit être disqualifié. Les partisans de cette revendication s'appuient sur un argument de taille. La candidature à des fonctions politiques des anciens caciques du régime Moubarak est suspendue à une décision de la Haute Cour constitutionnelle. Et celle-ci ne s'est toujours pas prononcée sur le cas Chafik. De ce fait, des opposants réclament la suspension du second tour de la présidentielle, qui doit se jouer entre le «candidat de l'armée», comme ils l'affirment, et celui des Frères musulmans. La place Tahrir ne désemplit plus et les débats se multiplient. Les anciens barons du régime de Hosni Moubarak peuvent-ils avoir des responsabilités politiques dans le nouveau régime ? En Egypte, la question n'a jamais été aussi brûlante, depuis que Ahmad Chafiq, l'ancien chef d'état-major et dernier Premier ministre de l'ex-raïs, s'est qualifié pour le second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin, face au candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Formé de candidats malheureux, notamment l'islamiste «modéré» Abdel Moneim Aboul Foutouh , le nassérien Hamdeen Sabbahi et le candidat des mouvements de jeunes et de plusieurs partis politiques de gauche, ou libéraux Khaled Ali ont entamé un vaste mouvement contestataire. Quotidiennement, ils se donnent rendez-vous sur la place Tahrir et sur les plus grandes places des plus importantes circonscriptions du pays, pour obtenir une réponse à une question de justice. La réponse, et ils le savent très bien, risque de tout bouleverser. La loi dite d'«isolement politique», votée en avril dernier par le Parlement fraichement élu, est très claire. Elle interdit à tout président de la République, vice-président, Premier ministre, président du Parti national démocrate (PND, ancien parti de Moubarak), aujourd'hui dissous, secrétaire général ou membre de son bureau politique d'exercer des droits politiques pendant dix ans. Cette loi avait même été ratifiée par le Conseil militaire, au pouvoir depuis l'éviction de Moubarak, le 11 février 2011. En raison de cette loi, la candidature de Chafik avait d'abord été invalidée par la commission électorale. Puis, celle-ci avait ensuite accepté un appel, déposé par Chafik et décidé de s'adresser à la justice pour qu'elle statue sur la constitutionnalité de l'amendement ajouté à la loi électorale. Mais aucune date n'avait été fixée pour la décision de la Haute Cour constitutionnelle. Si l'invalidation de la candidature de Chafik venait à se confirmer, le troisième homme du premier tour, le nassérien Hamdeen Sabbahi, surprise du premier tour de la Présidentielle, pourrait se voir qualifié pour le second tour. Les Egyptiens ne devront, alors, plus recourir au vote refuge. Ils pourront avoir un vrai choix à faire.