Une fois le Bac obtenu, les performances des nouveaux bacheliers ne sont guère rassurantes. C'est là le constat du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). Son coordinateur, Abdelmalek Rahmani annonce qu'à peine 50% des étudiants en première année sont admis. « La situation est préoccupante. C'est un dossier important qui nécessite une prise en charge sérieuse de la part des pouvoirs publics », alerte-t-il, non sans souligner que ces cas d'échec portent un sérieux coup au moral des bacheliers qui, souvent, décident de rompre avec les études. Selon lui, les raisons de cette situation sont multiples. Il cite le décalage entre le secondaire et l'université. « Les cours au lycée sont dispensés en arabe alors qu'à l'université, ces derniers sont souvent assurés, pour de nombreuses filières, en français ». Autre cause, les enseignants, en raison de problème de massification, trouvent du mal à assurer les cours dans les meilleures conditions. « Si les normes internationales requises ne dépassant pas un enseignant pour 15 étudiants, en Algérie, c'est un enseignant pour 32 étudiants et dans certains cas c'est un enseignant pour 100 étudiants », observe-t-il. Même topo chez Mohamed Taibi. Pour cet enseignant à l'université d'Oran, le problème est « complexe » et s'explique par une rupture totale en matière d'apprentissage entre le secondaire et l'université. Mohamed Taibi a mis enrelief les conditions de formation. Il dira que la qualité pédagogique n'est pas d'une « grande valeur » et nullement « évaluée, selon les normes internationales ». C'est pourquoi, soutient-il, des étudiants n'arrivent pas à s'adapter aux standards universels. ENSEIGNANTS ET SYNDICATS DU SECONDAIRE S'EN LAVENT LES MAINS Achour Idir, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) et enseignant à Bejaia impute la responsabilité de cette « débâcle » aux programmes scolaires. Pour lui, ces derniers sont d'un contenu caduc qui ne rime pas avec les exigences des études supérieures. Pour lui, l'évaluation des élèves ces dernières années est souvent faite sur 50% du programme scolaire, jamais achevé dans son intégralité. Messaoud Boudiba, enseignant à Boumerdès et chargé de communication du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) abonde dans le même sens mettant en avant la surcharge du programme qui, à ses yeux, ne permet pas une meilleure assimilation des cours. Selon lui, le programme n'a jamais été achevé. Les élèves, à ses dires, font face à un manque capital de connaissances. « Cet état de fait, ajoute-t-il, représente un sérieux coup sur leur niveau d'instruction ». Néanmoins, pour M. Boudiba, le lycée n'en porte pas seul la responsabilité. Aussi, il n'a pas manqué d'évoquer les conditions d'enseignement peu favorables à l'université aussi bien au niveau des infrastructures que les méthodes d'enseignement anachroniques. Abdelhakim Aït Hamouda, chargé de communication du Syndicat national des travailleurs de l'Education (Snte) estime que les enseignants du secondaire se dédouanent des performances des nouveaux bacheliers. Pour lui, la faille réside dans le système éducatif qui « a prouvé son échec. Le remède, selon lui, passe par la révision des réformes éducatives, à travers la révision de la qualité des programmes. Il suggère à ce que les deux ministères en charge des deux secteurs, mettent en place une politique de coordination, afin de créer une synergie entre l'enseignement secondaire et l'université. Pour sa part, le coordinateur du Cnes plaide pour la nécessité de mise à niveau des nouveaux bacheliers, la formation des enseignants, mais aussi et surtout trouver la meilleure formule capable de créer une meilleure adéquation entre le secondaire et l'université. En définitive, Malek Rahmani, estime nécessaire d'adopter de véritables plans de développement et d'aller vers l'essentiel en élaborant une véritable politique permettant l'émergence de la qualité au moment où la bataille de la quantité est gagnée. Comme solution, l'enseignant universitaire Mohamed Taibi propose de revoir la mission de l'université. Pour lui, celle-ci doit s'orienter vers la formation de « connaissances » et des « compétences » capables de répondre aux besoins multiples du marché de travail.