La rencontre n'a pas eu un relief « ordinaire » dont la mesure où les travaux n'ont pas été entamés comme prévu à cause de la donne imposée par les redresseurs. 9h. La porte d'entrée de l'hôtel Riadh est bouclée par des agents engagés par la direction du FLN, dans le but d'empêcher les 16 membres du comité central écartés et la presse d'y accéder. Deux groupes de militants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Belkhadem dégage », et « vive le FLN indivisible ». Cela dit, les partisans du départ de Belkhadem et ceux optant pour la réconciliation étaient là attendant le SG du parti, qui est arrivé aux environs de 9h30. Mais celui-ci a été bloqué par ses opposants avant de se frayer difficilement son chemin pour accéder à l'hôtel. Quelques instants plus tard, apparaissent Mohamed Seghir Kara et El Hadi Khaldi, interdits d'assister aux travaux. Leurs tentatives d'accéder à l'intérieur ont été vaines. Les agents postés devant la porte ont tout fait pour les refouler. Une fois dans la salle, le SG du FLN n'a pas pu imposer l'ordre du jour arrêté pour la rencontre. Et pour cause, des membres du comité central ont squatté la tribune et réclamé de passer directement à un vote de défiance à l'encontre du leader du parti. LES SAGES JOUENT AUX INTERMEDIAIRES C'est l'impasse. Durant toute la matinée, le comité des sages tentait de calmer le jeu et de trouver un terrain d'entente qui arrangerait toutes les parties. Les travaux sont bloqués et l'on parle même de vacance du poste du SG du parti. Mais M. Belkhadem refuse d'abdiquer. Il veut bien mettre son poste en jeu mais à travers un vote à main levée et non à bulletin secret, comme le souhaitent ses opposants. Il faut souligner cependant, que le comité des sages représenté par Bouhara, Hadjar, Boukhalfa, Guezzane et Affane avait publié, à la veille de cette rencontre, un communiqué dans lequel il fait savoir qu'il n'est arrivé à aucune solution avec le SG, notamment en ce qui concerne les modalités relatives à la demande de retrait de confiance formulée par un grand nombre des membres du comité central. « La salle s'est départagée en trois ailes », annonce Boudjemaâ Haïchour à sa sortie après avoir levé la séance. « L'une, dira-t-il, est favorable au vote à bulletin secret pour destituer Belkhadem de son poste, l'autre est pour la main levée et la troisième a opté pour le consensus ». Après avoir nié toute altercation ou agression physique entre membres du CC, Haichour a souligné que ce dernier se livre aujourd'hui « à une bataille de procédure », sans plus. Le comité des sages est en train de discuter avec Belkhadem, informe-t-il, pour s'entendre sur une position salvatrice. De son avis, le mieux serait qu'il démissionne de son plein gré pour céder la place à un directoire qui aura pour mission de choisir le prochain SG toute démocratie. « On n'est pas pressé. On a deux jours devant nous et soyez convaincu que la sagesse va l'emporter. Le scénario le plus probant serait d'arriver à une situation qui débloque l'impasse », soutient-il en précisant que le conflit sera réglé lors de cette rencontre. M. Haichour est apostrophé par un militant qui lui demande d'expliquer le changement de sa position vis-à-vis du SG notamment à la veille des élections, alors que tout allait bien par le passé. « NOUS AVONS UN DIFFEREND POLITIQUE AVEC BELKHADEM » En quittant les lieux, Abdelkader Hadjar, membre du comité des sages, s'est contenté de dire que c'est à la salle de « dégager une solution au conflit ». « Les discussions se poursuivront entre le comité des sages et Belkhadem pour arriver à une issue qui permettra de mener à bien cette réunion du comité central », affirme-t-il. Selon lui, le FLN n'est pas à sa première crise. « Il y en aura d'autres dans les jours à venir », lance-t-il. Mohamed Sghir Kara, quant à lui, a fait savoir que les membres du CC comptent brandir l'argument de la vacance du poste du SG pour entamer les travaux de la session comme convenu. Dans la foulée, il ne cache pas son souhait de voir Belkhadem quitter son poste et surtout ne pas penser postuler à la prochaine élection présidentielle. El Hadi Khaldi, lui, a désapprouvé le fait de ne pas permettre à d'anciens militants du FLN de prendre part à cette rencontre. Il a tenu à préciser à la presse qu'il n'a jamais remis en cause le militantisme ou l'appartenance de Belkhadem au parti. Mais, il lui reproche « de mettre en application un système organique appliqué par un parti égyptien dissous avec en prime des slogans soudanais, comme si le FLN était stérile ». A ses dires, le FLN d'aujourd'hui est monopolisé par des hommes d'affaires pour lesquels l'avenir du parti n'est pas important. Pis, il estime que celui qui n'a pas le droit d'accéder à cette réunion c'est le bras droit de Belkhadem qui l'avait accusé ouvertement d'avoir dilapidé les biens du parti, allusion faite à Abdelhamid Si Affif. « Nous avons un différend politique avec Belkhadem », résume-t-il.
