C'était la pagaille générale au Front de libération nationale (FLN). La crise qui secoue le plus fort parti du pays qui avait raflé 208 sièges de l'Assemblée populaire nationale (APN) n'arrive pas à sortir de l'impasse, bloquant ainsi les travaux de cette Assemblée. La sixième session du comité central (CC) du Front de libération nationale (FLN) n'a pas eu lieu hier à l'hôtel Riadh. Les travaux ont été empêchés par une multitude de confrontations entre le clan soutenant le maintien de l'actuel secrétaire général Abdelaziz Belkhadem à la tête du parti, et celui réclamant son départ par tous les moyens. Une grande tension a marqué le début de cette session. «C'est un problème politique qu'il faut régler avant de passer à autre chose» ont dit les contestataires visiblement très nombreux. Les travaux n'ont pas été ouverts comme prévu. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, dont le véhicule a été caillassé à son arrivée à 9h30, a dû foncer dans la foule pour pénétrer à l'intérieur de l'hôtel Riadh. En revanche, il n'a pas été autorisé à accéder à la salle des conférences par les membres du CC, très en colère. Le refus exprimé la veille par M. Belkhadem de procéder au vote pour son maintien ou non à la tête du parti a été à l'origine de la pagaille constatée hier sur le lieu de la rencontre. Outre le vote de défiance, les contestataires du CC ont exigé la participation de tous les membres du CC dont les huit membres exclus par le secrétaire général sans les faire passer par la commission de discipline. Ainsi, à défaut de lancer les travaux du CC, des négociations marathoniennes ont été engagées entre le comité des sages composé de Abderzak Bouhara, Mohamed Boukhalfa, Ahmed Sebaâ, Assane Guezane Djillali et Abdelkader Hadjar et le SG du FLN pour tenter de débloquer la situation. Au bout de plus de quatre heures de discussions, aucun terrain d'entente n'a été trouvé entre les deux parties pour faire sortir le FLN de cette crise. Chacune des parties a campé sur sa position. «Nous sommes arrivés à une situation d'impasse», dira Boudjemaâ Haïchour à la fin de cette rencontre aux environs de 14h. «Belkhadem s'entête à faire durer la crise, ce qui n'offre aucune solution au problème posé». «Il refuse d'aller à l'urne pour décider de son maintien ou non à la tête du parti, estimant que d'autres cadres du parti s'opposent à cette méthode.» En affirmant que les négociations devaient se poursuivre dans l'après-midi, M. Haïchour dira que trois solutions sont envisageables si les divergences persistent. «Belkhadem doit soit démissionner de son propre gré, soit accepter l'urne, et à défaut nous allons vers la déclaration de la vacance du poste de SG. Autrement, c'est le FLN qui sera plongé dans une crise dont on connaît l'issue», a-t-il affirmé. «Et c'est à Belkhadem d'assumer les conséquences», dira-t-il. Pour lui, «l'entêtement de Belkhadem est la position d'un homme qui ne veut pas le bien de son parti». Le même avis a été exprimé par Abdelkader Hadjar qui soulignera que «les négociations se poursuivaient entre le comité des sages et Belkhadem dans l'espoir de trouver une solution dans la mesure du possible», relevant «l'existence de nouvelles crises». On a appris, au cours des négociations, que le comité des sages a fait pression sur Belkhadem pour quitter le parti. «Il n'y aura de vote ni à main levée ni à l'urne, Belkhadem doit démissionner de son poste. On ne veut plus de lui dans le parti», ont affirmé des membres du CC. Les exclus de cette session ont tenté vainement d'accéder à la salle. Mohamed Seghir Kara et El Hadi Khaldi sont les deux ministres concernés par cette mesure. Ils sont venus dans la matinée à l'hôtel Riadh et ont été empêchés de prendre part à la session. «Nous avons un conflit politique avec Belkhadem, nous n'avons pas de divergences personnelles», a indiqué M. Khaldi à son arrivée. Critiquant la gestion du parti, il dira que «ce sont les hommes d'affaires qui ont été élus dans les instances nationales au détriment des véritables militants du parti». Il a affirmé qu'il n'avait «jamais voulu se présenter aux législatives» et que «ces propositions formulées auparavant pour résoudre la crise au FLN n'ont pas été prises en considération par Belkhadem, ce qui a provoqué toute cette tension». Il a dénoncé l'organisation de cette session où l'actuel SG a fait appel à «des baltaguia» pour agresser les gens». Pour lui, «il est en droit de participer aux travaux de cette session et c'est à Si Afif de quitter la salle». «Je ne comprends pas d'ailleurs pourquoi Belkhadem a changé d'avis le concernant». Les mêmes propos sont tenus par M. Kara. «Nous allons poursuivre nos réunions et nous n'allons pas quitter le parti», dira-t-il. Pour lui, le gel des travaux de cette session «va conduire les membres du CC à installer une commission provisoire pour préparer l'élection d'un nouveau SG». Il a affirmé que les contestataires «font confiance au comité des sages». Jusqu'à la fin de l'après-midi, la situation était inchangée. Au moment où nous quittons les lieux, les membres du CC avaient rejoint l'hôtel Riadh en prévision de la poursuite des négociations, dans l'espoir de pouvoir entamer les travaux du CC.