Une autre escale du Dimajazz qui s'est ouvert à Constantine le 14 juin dernier. Celle qui a fait vivre cette semaine au public mélomane la scène belge et française avec les groupes Aka Moon et Thôt. C'était la soirée des retrouvailles pour nos deux groupes, puisqu'ils avaient déjà participé aux précédentes éditions du Dimajazz, et à ce sujet notons qu'Aka Moon est sans doute le groupe qui a eu le plus de notoriété dans ce festival. La première partie du spectacle fut assurée par Thôt, une performance exceptionnelle puisqu'aux côtés du quatuor (composé d'un saxophoniste, un guitariste, un bassiste et un batteur) deux saxophonistes, Sylvain Cathala et Bon Van Der Werf, ont accompagné le groupe français. Et s'ils sont de bons amis, Thôt et leurs invités n'ont cependant jamais joué ensemble, ils ont entamé les répétitions le jour même de leur concert. C'est donc une scène inédite qu'a offert le groupe au public de Constantine. D'habitude speed — influencé par les musiques d'Afrique de l'Ouest et par le Jazz US — Thôt a choisi pour ce spectacle une musique plutôt lente, surfant sur le puritanisme américain, avec des morceaux entrecoupés, parfois inachevés mélodiquement, un choix qu'assume le leader du groupe Stéphan Payen. « C'est une soirée exceptionnelle car nous avons invités deux amis, Sylvain Cathala et Bon Van Der Werf, c'est la première fois qu'ils nous accompagnent sur une scène. En gros, nous avons voulu faire une musique qui n'est pas fixe, on la joue de multiples façons, nous avons un peu laissé la liberté à chacun. C'est une discussion, où il y a pleins de discours superposés et parallèles, mais il y a une logique dans tout ce que nous faisons », nous a-t-il déclaré quelques minutes après son concert. Comme nous l'avons dit, après quatre participations au Dimajazz, Aka Moon se targue d'avoir aujourd'hui un vrai public à Constantine. Ce qui est rare pour une formation de jazz, encore une fois leur spectacle a été une découverte pour ce groupe qui fête son 20e anniversaire cette année. De cette longue carrière, le trio a produit 17 albums studio et a fait des tournées dans le monde entier. Avide d'expérimentation et d'ouverture, l'univers d'Aka Moon est à part, il surprend et dégage une énergie sans pareil, trois instruments (une batterie, une basse et un saxophone) suffisent pour en faire un orchestre qui fait beaucoup de bruit. Un bruit travaillé, puissant qui se répand comme magie, le public apprécie à chaque fois le show d'un des musiciens : un Stéphane Galland excitable à la batterie, un Michel Hatzigeorgiou bassiste doué et appliqué et enfin Fabrizio Cassol à l'Alto sax, plus prévoyant pour diriger l'orchestre. En somme, le jazz était total durant cette soirée en compagnie des Belges.