De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Akamoon, le trio Belge, a fêté ses 20 ans d'existence en les partageant généreusement avec les 10 ans de DimaJazz. Une soirée exceptionnelle de «fusions» a été offerte, lundi dernier, au théâtre de la ville, au public de cette 5e soirée de la 10e édition du festival international de jazz de Constantine, DimaJazz 2012. Les trois étoiles, Fabrizio Cassol,compositeur et saxophoniste, Michel Hatzigeorgiou, bassiste, et Stéphane Galland, batteur, ont exprimé avec maestria leur amour pour la musique, avec des créations qui sont le fruit de plusieurs années de recherches et de perfectionnement. Le professionnalisme académique et les prouesses techniques instrumentales se faisaient sentir, mais sans pour autant éclipser l'essence des notes. C'est là un des secrets de la pérennité de cette variante de jazz. Puisant dans les musiques africaines, indiennes, cubaines, arabes,…Akamoon a joué avec brio, ce soir. Développant une grande partie de son dernier album, Unisson, le trio n'a laissé aucun présent insensible aux variations rythmiques ou mélodiques de ses compositions, purement universelles et pleines d'émotion. Une communion totale rayonnait du trio, qui se produit pour la troisième fois et de DimaJazz, qui l'a «adopté». Chacun des trois artistes a son propre univers musical. Mais la superposition métrée des notes harmonisait l'ensemble, ce qui provoquait l'émerveillement chez le public. «Chaque scène de jazz devra aller vers l'autre, pour un meilleur enrichissement de cette musique, qui est en constante évolution», dira Stéphane Galland, accosté en fin de spectacle. «Aujourd'hui, poursuit-il, les gens cherchent l'ouverture et la liberté». Concernant l'idée selon laquelle il existe une scène de jazz puriste, à laquelle les troupes devraient se conformer, il répondra : «Ce sont les musiciens qui sont puristes en eux-mêmes.» «Miles Davis a changé plusieurs fois de directions, dans sa carrière. Il a expérimenté plein de choses différentes. Et, justement, c'est cela la force du jazz», argue-t-il. Fasciné, actuellement, par les airs des Balkans, le compositeur Fabrizio note, dans ses opus, des passages vivants - puisque le jazz est une musique du présent - avec des interactions. Akamoon, qui totalise 17 albums pour 20 ans d'existence, est resté fidèle à sa tradition de trio, même s'il a eu à se produire en de multiples occasions, dans des formations élargies car, pour les trois artistes, «le dialogue est une source de richesse et d'inspiration». «On gardera ce concept de base», soulignera le saxophoniste. En parallèle, Akamoon a animé une résidence au conservatoire municipal, qui a vu la participation de 15 stagiaires. «C'est très important d'avoir ce genre d'initiative. Je pense que le DimaJazz a provoqué l'envie de s'exprimer. Les musiciens locaux ont une soif terrible de vouloir se manifester», dira Fabrizio. Selon le compositeur du trio, cette énergie juvénile devrait se produire couramment sur scène, pour s'affirmer. «Le grand foyer de l'expérience est incontestablement la scène», affirme-t-il. Dans le même contexte, il soulignera «l'ouverture de ponts entre l'Europe et le Maghreb, ces 15 dernières années. Il y a beaucoup d'artistes, dont des tunisiens, qui viennent se perfectionner dans des stages de formation». Pour maintenir cette synergie, Akamoon insiste sur le développement de ce nouveau langage, crée à travers les échanges, en se basant essentiellement sur la grande scène culturelle locale. «Les musiciens peuvent développer leur propre tradition. La musique arabe est énorme, de par ses aspects rythmiques et mélodiques avec, en sus, de l'émotion et de la poésie», soutient le compositeur. In fine, le saxophoniste ajoutera : «Le DimaJazz, dont la place est importante sur la grande plaque tournante des festivals internationaux, est un reflet dans le monde de l'Ouest. C'est une réalité.»