La « Nouba Fi Aid El Djazaïr », en référence au cinquantenaire de l'indépendance du pays qu'on annonçait en grande pompe avec, notamment ses nouvelles odeurs, couleurs et textes, passe, en effet, inaperçue sur la scène algéroise plus encline à d'autres sonorités. Même la présence de grands noms comme celui de Lila Borsali qui, rappelons-le, est une interprète tlemcénienne très cotée dans la musique andalouse, n'aura pas fléchi les récalcitrants. « Les jeunes d'aujourd'hui aiment écouter des musiques qui les font danser et chanter à l'exemple du groupe Caméléon ou du genre raï », explique Ahmed, un mélomane rencontré sur les lieux. Celui-ci dit apprécier la musique andalouse pour son aspect lyrique et transcendantal. C'est l'association Ziria de Meliana qui a ouvert la soirée de jeudi dernier avec une nouba dans le mode raml (neqlab avec msadr, nesraf et khlassate) qui aura duré 45 minutes. Cette association a été créée le 16 avril 1997, et compte trois niveaux, d'initiation et supérieur. Ziria a pris part aux manifestations nationales et internationales et a obtenu, dernièrement, la 1re place au Festival de Skikda. « Le plus important est de faire une bonne prestation. Nous avons un patrimoine très riche avec trois écoles, Alger, Tlemcen, Constantine, de quoi satisfaire tout le monde », a déclaré Youcef Azaïzia, interprète de l'association. Lui succédant, Imène Sahir, interprète musicienne de la musique andalouse, a égayé l'assistance par ses rythmes et sons appris au sein de l'association Djenadia de Boufarik et à Dar El Gharnatia de Koléa. Une jeune interprète qui promet. Auteur d'un CD nouba ghrib sorti en 2008, Imène est actuellement membre de l'ensemble régional et maghrébin de la musique andalouse. La soirée a été clôturée en apothéose par l'inénarrable Lila Borsali, qui a chanté à l'occasion le répertoire de son nouvel album. « Je suis très contente de partager cette soirée avec mes amis de l'association de Méliana et Imène Zahir. J'ai chanté une nouba dans le mode rasd eddil que j'ai enregistrée dernièrement. C'est à la fois de la promotion et de la participation pour Andaloussiate El Djazaïr », a-t-elle déclaré. L'auteure d'un premier CD hawzi a connu un parcours associatif assez long tant à Tlemcen qu'à Paris où elle a confondu l'association des arts andalous, qu'à Alger où elle intègre l'association des Beaux-Arts. « Les jeunes reprennent bien le flambeau parce qu'il y a beaucoup d'associations que j'encourage, d'ailleurs à travailler. Il y a de l'avenir pour cette musique, léguée par nos maîtres de l'andalou », a-t-elle fait remarquer.