Le ton n'est pas guerrier, mais les déclarations sont musclées. L'Otan a exprimé, hier, son « soutien » et sa « solidarité » avec la Turquie dans l'affaire de l'avion de combat abattu, vendredi dernier, par l'armée syrienne, sans néanmoins aller jusqu'à menacer Damas de représailles. « La sécurité de l'Alliance est indivisible. Nous sommes aux côtés de la Turquie dans un esprit de forte solidarité », a insisté le SG de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen à l'issue d'une réunion demandée par Ankara. Tout en jugeant « inacceptable » la destruction de l'appareil militaire, le premier responsable du plus grand « cartel » militaire du monde a fait savoir que la situation « est suivie de très près et avec une grande préoccupation (...) à la frontière sud-est de l'Otan ».Contrairement au discours « otaniste », le Premier ministre turc s'en est allé dans une diatribe aux relents belliqueux contre son ancien allié. Dans un discours au Parlement, Recep Tayyip Erdogan a prévenu que son pays riposterait à toute violation de sa frontière par la Syrie. « Les règles d'engagement des forces armées turques ont désormais changé. Tout élément militaire qui posera un risque et un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie sera considéré comme un cible militaire », a-t-il menacé. M. Erdogan a dénoncé un « acte hostile » et une « attaque lâche du régime d'Al Assad ». « Ce dernier événement montre que le régime d'Assad est devenu une menace claire et proche pour la sécurité de la Turquie comme pour son propre peuple », a-t-il déclaré, en réitérant son soutien au « peuple syrien jusqu'à la chute de la dictature cruelle ». Sur l'autre front de cette crise, la conférence internationale sur la Syrie, souhaitée par l'émissaire international Kofi Annan semble compromise. L'ONU, qui chapeaute la rencontre prévue ce samedi à Genève, n'a toujours pas reçu de confirmation de la part des pays participants. « Sur la réunion hypothétique du 30 juin, elle reste hypothétique », a déclaré la directrice du service de l'information des Nations unies, Corinne Momal-Vanian. L'opposition de Washington à la participation de l'Iran, formellement invité par M. Annan, en serait la cause. Cette conférence devrait compter sur la présence des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et des Etats de la région qui ont une influence sur les parties.