La première opération d'exportation d'orge algérienne vers la Tunisie, la première du genre depuis 40 ans, semble avoir ouvert l'appétit des pouvoirs publics qui affichent de nouvelles ambitions pour l'agriculture nationale en général et la céréaliculture en particulier. Ainsi, se placer sur les marchés à l'export est l'objectif assigné aux céréaliculteurs. Il faut dire dans ce sens, que le ministre de l'agriculture et du développement rural, M. Rachid Benaïssa qui a présidé samedi la cérémonie ayant marqué l'embarquement d'une cargaison d'orge algérienne au port d'Alger à destination de la Tunisie, a qualifié cette opération de "symbolique", marquant "le début d'un processus inverse". "Pendant 43 ans, l'Algérie importait des céréales et aujourd'hui on est arrivé à renverser la tendance", a-t-il dit aux journalistes venus assister à cet évènement. "C'est un message pour les agriculteurs pour qu'ils aient confiance en eux-mêmes et s'ils utilisent des méthodes techniques et technologiques, il est fort possible que leurs potentialités s'améliorent en production", a-t-il ajouté. Il a souligné, dans ce contexte, que les agriculteurs devraient "profiter" de la décision du gouvernement de maintenir les prix d'achat des blés et d'orge auprès des agriculteurs pour les 5 prochaines années en vue d'améliorer leurs techniques de production. Le prix minimum garanti à la production des blés, est de 4.500 DA/qx pour le blé dur, 3.500 DA/q pour le blé tendre et 2.500 DA/q pour l'orge, et ce, malgré la baisse des prix sur le marché international. Il a appelé les céréaliculteurs à utiliser dès la prochaine campagne l'irrigation d'appoint pour améliorer leur rendement, estimant que les capacités de production agricole en général en Algérie ne sont pas encore toutes exploitées. De son côté, le directeur de l'OAIC a indiqué aux journalistes que "si cette opération s'inscrit dans une démarche structurelle, cela veut dire que le programme d'exportation doit être pris en charge à partir des semailles". Il s'agit, selon lui, d'"identifier en début de campagne les agriculteurs qui vont produire des céréales destinées à l'exportation". Ce programme sera identifié à partir de la campagne labours-semailles 2010-2011, a-t-il indiqué. Il a fait savoir également que les céréaliculteurs qui vont constituer le réseau de productions destinées à l'exportation sont identifiés et vont faire l'objet d'un suivi et d'un accompagnement par l'office pour qu'ils respectent les conditions et les techniques exigées par le marché extérieur. M. Kehal a indiqué, par ailleurs, que l'office "dispose de suffisamment d'orge pour couvrir l'équivalent des besoins pour plusieurs années et une marge de manoeuvre d'exportation permettant de placer plusieurs bateaux". Notons que la première opération d'exportation d'orge algérienne marque le retour de l'Algérie sur le marché international des céréales, après une absence de 43 ans. La dernière exportation des céréales à partir de l'Algérie remonte à octobre 1967 avec une quantité de 50.000 quintaux de blé dur embarquée à partir du port de Mostaganem. Le bateau a quitté le port d'Alger hier avec à son bord 100.000 quintaux (qx) d'orge destinés à l'Office des céréales de Tunis qu'il a achetés auprès d'un trader français à un prix supérieur à celui échangé sur la Bourse de Chicago (entre 130 et 135 dollars la tonne. Ce prix de vente s'explique, selon M. Kehal, par "la qualité supérieure de ce produit qui a créé une ruée des traders étrangers pour les céréales algériennes". "C'est un produit nettement au dessus des normes internationales admises que ce soit pour le poids spécifique (+68% contre un standard de 62%), la teneur en humidité (9% contre 14,5%) et de protéines (9% contre 7 à 8%). Cette opération sera suivie par d'autres en fonction des cadences des capacités de conditionnement et de préparation des stocks dont disposent les CCLS et "chaque fois on aura préparé (nettoyé) l'équivalent d'un bateau nous lançons une opération d'exportation", a indiqué M. Kehal. L'OAIC qui assure 90% des besoins du marché national en céréales, n'a pas importé d'orge et de blé dur depuis avril 2009, suite à la production record de la campagne précédente (61,2 millions qx). Pour le blé tendre l'Algérie continue d'en importer, en raison de l'insuffisance de superficies pour pouvoir répondre aux besoins. Ce problème de superficie devrait être régler une fois la loi sur le foncier agricole entrée en vigueur, A propos de la récolte prochaine, le ministre a dit qu'elle sera "bonne pour les blés" et "au-dessus de la moyenne" pour l'orge. La baisse de la production concernant cette dernière est due notamment à la reconversion des superficies d'orge en blé et aux dégâts causés par la grêle dans certaines régions du pays.