Tout en mettant l'accent sur le rôle « primordial » des Syriens dans la mise en œuvre de cette nouvelle perspective politique, le médiateur international appelle à établir « des étapes claires et irréversibles pour la transition, selon un calendrier précis », mais sans aller jusqu'à fixer une échéance. Dans ce cadre, M. Annan plaide pour un gouvernement provisoire d'union nationale avec pour mission de « créer un environnement neutre et favorable à cette transition ». Ce nouveau cabinet jouirait, en cas de sa mise en place, de « véritables pouvoirs exécutifs » et pourrait inclure « des membres du gouvernement actuel, de l'opposition et d'autres groupes ». Mais pas question, estime l'ancien chef de l'ONU, de faire participer des responsables « dont la présence pourrait nuire à la crédibilité de la transition et mettre en danger la stabilité et la réconciliation ». Le plan a été soumis au « Groupe d'action » dont les membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume uni), ainsi que la Turquie et des pays membres de la Ligue arabe, voire l'Iran qui ne prend pas part à la conférence. La Russie, qui a annoncé, mercredi soir, sa participation, à cette rencontre qu'elle juge « positive » a émis de sérieuses objections, notamment sur l'exclusion de certains responsables syriens. Son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov a, ni plus ni moins, exigé le retrait de ce point, en réaffirmant l'opposition de son pays à toute solution imposée. Sans surprise, les Occidentaux ont rejeté l'amendement russe, le qualifiant tout simplement d'« inacceptable ». Ils ont même menacé de ne pas se rendre à Genève si la première version présentée par Kofi Annan n'est pas adoptée. Américains, Français et Britanniques, laissent ainsi, planer le doute quant à la tenue de la rencontre. De son côté, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, tente de faire bouger les lignes. Elle s'est rendue, jeudi, à Saint Pétersburg, en Russie, dans l'espoir d'infléchir la position de Moscou. Mais cela paraît impossible devant l'importance des enjeux escomptés et, surtout, la détermination de la Russie à garder pour elle la clé de toute solution à la crise. Avant son départ, M. Clinton a déclaré qu'il était « très clair » que les participants s'y présenteraient « sur la base du plan de transition qui a été présenté » à l'ONU, pour fermer la voie à toute nouvelle « aventure ». Pour tenter de sauver la réunion, M. Annan a convoqué, hier soir, une réunion préparatoire de hauts fonctionnaires représentants des pays participants en vue de rapprocher les points de vue.