Le forum du quotidien El Moudjahid a reçu, jeudi, la Fondation Emir Abdelkader, représentée par son président, Mohamed Boutaleb et Zaïm Khenchelaoui, universitaire et membre de l'association. L'occasion était d'évoquer l'itinéraire de l'Emir, à la réputation universelle, en ce cinquantenaire de l'indépendance. Pour Khenchelaoui, l'Emir est plus qu'un homme, un phénomène. « Il n'est pas tombé du ciel puisqu'il y a un ensemble de facteurs qui ont fait de lui un homme hors pair ». Il cite, entre autres, son éducation religieuse, l'impact de sa mère, Lalla Zohra, qui était une femme cultivée, et la zaouïa Kadiria dont il a pris les relais. « Il est le fondateur de l'Etat algérien moderne. Il constituait une référence dans la diplomatie ; il était tolérant à tel point qu'il partageait, parfois, le même plat avec des détenus, otages de guerre. Il représentait, tout simplement, la civilisation face à la barbarie », a-t-il indiqué. Ce chef de guerre, qui avait 24 ans quand il avait pris les commandes de la résistance, en 1832, face à l'envahisseur français, a fondé un Etat basé sur le triptyque : savoir, justice et transparence, poursuit le conférencier. « Actuellement, la biographie de l'Emir est enseignée dans de nombreux pays pour ne citer que les USA, l'Indonésie, le Nigéria, le Pakistan ainsi que dans des pays d'Amérique latine », précise Khenchelaoui. De son côté, le président de la Fondation a retracé, brièvement, le combat de l'Emir pour défendre son territoire mentionnant au passage les différents traités signés avec la France, à l'exemple du traité Desmichels, le 24 février 1834, qui reconnaît son autorité sur l'Ouest et le Chélif et celui de Tafna signé le 30 mai 1837 avec Bugeaud qui prévoit le contrôle par l'Emir sur l'Ouest, le Titeri et une partie de l'Algérois. « Les Français ont toujours été les premiers à bafouer les traités conclus », a observé M. Boutaleb. Sur une question liée au projet du film sur l'Emir, le président de la Fondation estime que la réalisation d'un film sur une personnalité comme Abdelkader nécessite des réalisateurs de talent et que les scénarios proposés jusqu'ici ne sont pas à la hauteur de l'homme, ce qui explique le retard accusé, puisque l'idée du projet remonte à l'année 2007.D'autre part, il exprimé sa crainte de voir l'image de l'Emir dénaturée, souhaitant que le scénario qui lui sera consacré soit aussi réussi que celui du film consacré au héros de la résistance libyenne Omar El Mokhtar. « C'est le monde entier qui attend la réalisation de ce film, ce n'est pas uniquement nous, les Algériens. Nous devons donc faire quelque chose de profond », a-t-il soutenu.