La nouvelle Libye sortira-t-elle la tête de l'eau ? A cinq jours de la première élection, censée assurer la transition démocratique du CNT fortement contesté à la formation de l'Assemblée constituante, les chances d'une transition démocratique et pacifique restent quasi nulles dans un pays en ruines et hanté par le syndrome irakien. Les violences tribales soldent les vieilles inimitiés et les contentieux ethniques à coups de mortiers et d'armes lourdes, comme ce fut les cas à Koufra, principalement, et d'autres régions de la Libye. Plusieurs candidats à l'élection de l'Assemblée constituante du 7 juillet ont dénoncé la dérive du gouvernement transitoire accusé de « faiblesse » et d'« incapacité d'assurer la sécurité ». Le représentant de la ville de Ghariane, Walid Bourchane, pointe du doigt « la négligence, l'insouciance et le retard accusé dans la formation de l'armée et de la police nationales ». Quant au candidat de la ville de Khemis, Abdelmounaâm Al-Yasser, le gouvernement est tout simplement coupable de « n'avoir pas fait son devoir ». Aux violences ethniques, se greffe le fléau autonomiste symbolisé par l'émergence du Conseil intérimaire de la Cérénaïque qui milite pour le modèle du fédéralisme de l'Est libyen. Après avoir appelé au boycott de la constituante, en mai, le passage à l'acte contestataire a vu un groupe de personnes saccager les locaux de la commission électorale de la 3e circonscription de la ville d'El Houari, à Benghazi, pour protester contre la répartition jugée inéquitable des sièges de l'Assemblée constituante et « l'ignorance de leurs demandes par les autorités ». Les animateurs du mouvement autonomiste réclament l'abandon de la loi électorale et la parité des sièges pour les trois régions administratives historiques : la Cyrénaïque (est), la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud) qui disposent, en vertu de la loi en vigueur, respectivement de 60, 100 et 40 sièges. Dans ce climat de tension, les responsables du CNT, criant au sabotage de « l'élection historique », entendent maintenir le cap et réussir le premier pas de la légitimité retrouvée. « La tenue de cette élection est ma responsabilité, et le scrutin aura bel et bien lieu le 7 juillet », a déclaré Nouri Al-Abbar, président de la haute commission électorale libyenne.