La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) prépare le terrain au déploiement d'une force militaire au Mali. Après la porte ouverte laissée à cette éventualité par le Conseil de sécurité jeudi dernier, certains pays (Nigeria, Niger, Sénégal...) se sont engagés à contribuer au coûteux, lourd et complexe, envoi des 3.270 militaires-dont les éclaireurs sont déjà à Bamako-pour remettre sur pied l'armée malienne et s'attaquer éventuellement aux groupes armés islamistes qui se sont emparés du Nord juste après le coup d'Etat du 22 mars à Bamako. L'Organisation régionale exige de Bamako la nomination, d'ici le 31 juillet au plus tard, d'un gouvernement d'union nationale à même de mettre en œuvre une feuille de route de sortie de crise. Passé cet ultimatum, le Mali sera mis en quarantaine, prévient la Cédéao. Ce durcissement de ton illustre le désir de l'Organisation régionale de se débarrasser du cabinet de Cheick Modibo Diarra qu'elle juge non seulement « insuffisamment coopératif » mais aussi « incapable » d'assurer la protection du président intérimaire Dioncounda Traoré. Les « forces vives du Mali » (partis, syndicats,...) sont priées par les présidents nigérian, togolais, ivoirien, nigérien, béninois et burkinabé de se concerter avec Traoré pour former un gouvernement qui adressera « sans délai une requête aux Nations unies » pour le déploiement de la force de la Cédéao pour reconquérir le Nord où « toutes les parties prenantes à la crise sont priées d'arrêter les hostilités avant le début du mois de ramadan ». Les groupes armés sont priés, quant à eux, de « mettre fin immédiatement » à leurs actes s'ils veulent éviter la Cour pénale internationale qui pourrait les juger pour « crimes de guerre ». S'adressent-ils à tous les groupes ou à ceux avec lesquels le médiateur Blaise Compaoré a engagé des discussions ? Les Six, qui ont chargé le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, et le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Ally Coulibaly, de se rendre à Paris « pour porter les différentes décisions de leur réunion à Traoré », ne le disent pas. Tout comme ils ne disent rien sur l'opposition d'une partie des Maliens à l'envoi chez eux de « soldats cow-boys » ou à la formation d'un gouvernement à l'extérieur.