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La mer pour les uns le climatiseur pour les autres !
Saison estivale à l'est du pays
Publié dans Horizons le 11 - 07 - 2012


BISKRA : À VISITER ABSOLUMENT... MAIS PAS EN ETE !
• Il fait une chaleur torride à la fin de ce mois de juin à Biskra. Insupportable, même à l'ombre. La seule envie qui trotte dans les esprits, c'est de se mettre sous un climatiseur toute la journée et... toute la nuit ! Quant à la mer, pas la peine d'y penser ni même d'en rêver ! Elle est bien loin ! Certes, les palmeraies peuvent procurer une certaine fraicheur mais pas pour tout le monde. En fait, ceux qui peuvent fuir Biskra en cette période de l'année sont bien contents. Les touristes encore plus. Pourtant, ce ne sont pas les sites touristiques qui manquent ! Culturels, historiques et religieux du moins, car pour ce qui est des divertissements... « Biskra, ce n'est pas un endroit rêvé pour se divertir, surtout en été mais elle est très aimée des Malaisiens et des Indonésiens, notamment qui sont très attirés par le mausolée de Okba Bnou Nafaa. Mais il est vrai que c'est rare de voir les touristes étrangers visiter Biskra en été ! Il est vrai aussi que le nombre de touristes étrangers a sensiblement diminué ces derniers temps à cause de problèmes de visas », explique le guide. Pour ce qui est des touristes nationaux, il faut dire que le tourisme culturel et religieux n'est pas particulièrement affectionné, durant la saison estivale. Pas particulièrement attirant non plus pour les habitants de Biskra qui, à défaut de quitter la ville, préfèrent rester à l'abri du soleil que de parcourir des kilomètres sous un soleil de plomb pour visiter la tombe où repose le corps de Hyzia à Sidi Khaled ou encore la Kantara qui remonte à l'époque romaine. Un pont antique reliant plusieurs rochers dans lesquels les ingénieurs français ont creusé, au 19e siècle, un tunnel pour accueillir deux lignes de chemin de fer qui mènent de Biskra à Batna et de Batna à Biskra. Un endroit qualifié « d'exotique » pour ses superbes rochers qui surplombent des filets d'eau au seuil du désert. Ce lieu est le coin « fétiche » des jeunes couples mariés qui aiment venir y prendre des photos.
« Biskra est idéale pour le tourisme d'affaire. C'est une ville de transit et de commerce mais elle abrite aussi des sites fabuleux que les voyageurs de passage peuvent visiter comme les balcons du Ghoufi », signale le directeur du tourisme de la wilaya. Ainsi les visiteurs peuvent, sur leur chemin vers Batna, explorer ces fameux balcons. Outre la vue grandiose du haut des rochers, les plus aventureux peuvent se faufiler jusqu'au bas des balcons, se rafraîchir dans l'oued aux eaux limpides, s'y baigner avant d'escalader l'autre face des balcons, explorer les vieilles maisons qui remontent à l'époque turque et visiter ce qui reste de l'hôtel Transat, construit en 1920 dans la roche. « L'hôtel était destiné aux riches Britanniques friands de sensations fortes. Car à l'époque, on ne pouvait y accéder que par les cordes. Aujourd'hui, il est plus accessible. Ces dernières années, il y a eu certaines tentatives pour sa réhabilitation par des investisseurs privés mais ils ont vite laissé tomber car il n'y a pas eu de demandes de la part de clients », explique le guide. N'empêche, le site vaut le détour ! En tout cas, les collectivités locales font tout pour. Outre une plaque sur laquelle est inscrit « Le Ghoufi, un site touristique », fraîchement installée, pour rappeler aux touristes ou visiteurs l'existence de cet endroit, des restaurants et commerce de produits artisanaux commencent à s'y implanter. D'ici quelques années, et si l'accompagnement commercial et de loisir sera renforcé, ce site pourra devenir l'un des plus importants sites touristiques de la région.
Un site qui serait visité non seulement par les voyageurs de passage mais aussi par de véritables touristes... en dehors évidemment de la saison estivale !
CONSTANTINE : UNE DESTINATION TOURISTIQUE MAL ENTRETENUE
Constantine, avec son cachet particulier, n'a rien à envier aux autres villes connues dans le monde en matière de sites touristiques. Et contrairement à Biskra, la chaleur n'y est pas étouffante. Surtout en fin d'après-midi. Mais même si c'est le cas, la mer est proche, à 80 km à peine, pour ceux qui veulent mettre leurs pieds dans l'eau. La mer est si proche (Jijel et Skikda), que Constantine se considère même comme une ville côtière ! C'est vers la grande bleue que se dirigent la plupart des habitants de la ville durant la saison estivale. Pour les visiteurs extérieurs qui se déplacent spécialement à Constantine, ils n'ont pas besoin de parcourir des kilomètres pour admirer ses atouts. La ville elle-même est un vestige ! Il suffit de se pencher du haut des fameux ponts pour surprendre le mouvement de l'eau de l'oued Rhumel en bas du canyon ou encore apercevoir les courbes arrondies et les pics des gorges qui exposent aux regards leurs formes baignées de soleil. De ces ponts, dont celui d'El Kantara, le plus ancien dont la construction remonte à 1792, on peut apercevoir les grottes où ont vécu les néanderthaliens. Mais aussi la grotte El Mensia (l'oubliée) qui n'a rien à envier aux grottes merveilleuses de Jijel. Pour ceux qui visitent la première fois Constantine, il peut paraître déroutant, « vertigineux » même, de traverser un pont suspendu mais ô combien exaltant de sentir le vide sous nos pieds ! Le pont Sidi Rached, le plus haut pont en pierre dans le monde, est également très impressionnant. C'est le premier pont à franchir pour entrer dans la ville. Une ville d'ailleurs qui est très agréable à traverser, l'ancienne, surtout, où subsistent encore les vieilles maisons ottomanes et coloniales.
L'hôtel Cirta, à l'architecture turque, est un vrai plaisir pour les yeux. Dans le même espace, les nouveaux hôtels, Ibis et Novotel, y ont pris place, se fondent dans le décor. Il faut dire qu'ils n'ont rien de clinquant et c'est tant mieux. Mais cela ne suffit pas encore à combler le déficit des infrastructures hôtelières. Car si la ville n'a rien à envier aux autres en matière de sites touristiques, on ne peut pas en dire autant des capacités d'accueil. « Constantine est boudée par les touristes à cause du manque d'infrastructures hôtelières. Mais la situation commence à changer avec l'émergence de nouveaux hôtels », confie le guide, précisant qu'une grande partie des touristes étrangers visitant l'ancienne Cirta est constituée de pieds-noirs.
BIENTÔT UN LABEL POUR L'ARTISANAT
• 9000 d'entre eux ont visité Constantine au premier semestre 2012, selon le directeur du tourisme de la wilaya, Hassan Lebad. Un nombre très difficile à « caser » quand on sait que neuf hôtels seulement sur 19 sont classés. « Notre ville favorise le tourisme nostalgique et les pieds-noirs ne manquent pas de faire un saut à Constantine quand ils entament leur circuit de visite à partir d'Oran et de Tlemcen. Leur visite n'est pas occasionnelle, ne se limite pas à la saison estivale, mais sur toute l'année et grâce aux nouvelles infrastructures qui comblent un peu le déficit en matière d'accueil, leur nombre pourra augmenter », dit-il en précisant que deux autres nouveaux hôtels 5 étoiles seront réceptionnés à la fin de cette année, augmentant les capacités d'accueil de la wilaya de 1500 à 2200 lits. Les pieds-noirs, comme les touristes, affectionnent les petits objets souvenirs qu'ils trouveront en abondance du côté des marchés traditionnels.
Constantine est connue aussi pour son artisanat. Un secteur que les collectivités locales traitent avec soin au point de solliciter des experts européens pour créer un label des produits artisanaux de Constantine avant de les mettre sur le marché international. Mais ce qui est le cas pour l'artisanat ne l'est pas pour l'entretien des monuments à l'exemple des tombes dolmen du cimetière mégalithique menacée de déperdition ou le monument aux morts de la guerre 1914-18, implanté sur l'un des sommets les plus hauts de la ville depuis 1934. Ainsi de la terrasse de ce dernier site, des ordures et des odeurs nauséabondes submergent les lieux.
JIJEL : LA BELLE DELAISSEE
Jijel, le petit paradis, la beauté vierge, la corniche brésilienne,... autant de qualificatifs qui la définissent mais qui paradoxalement ne l'aident pas à attirer les investisseurs ni convaincre ses visiteurs à y passer la nuit ! Les visiteurs, certes, ne se font pas prier pour se prélasser sur ses côtes mais juste le temps d'une journée, manque d'infrastructures d'accueil et de restauration oblige. Quant aux investisseurs privés, ils butent sur un foncier inaccessible d'une part et des mentalités d'autre part. Mais il n'y a pas que ces travers. La sublime corniche rejoint désormais le sort de tous les sites touristiques encore vierge : urbanisme anarchique et pollution. « Jijel est une destination qui génère un tourisme sauvage et pollueur, qui se développe dans l'insécurité d'un point de vue santé et environnement. Jijel mériterait un autre sort, une meilleure prise en charge de la part des pouvoirs publics », estime Said Boukhalfa, conseiller du ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Bref, la nature a accompli son œuvre dans la région, lui offrant ce qu'elle a de mieux.
Etendues turquoises et grottes merveilleuses où il fait 18 degrés. Mais l'homme dans cette région ne fait pas grand chose pour préserver cette œuvre. Il défigure sa corniche par des habitations anarchiques dignes de celles qui s'entassent dans la banlieue algéroise : architecture repoussante et urbanisme désordonné. « Ces constructions anarchiques confèrent à la corniche jijelienne un aspect désolant, presque hideux », déplore le conseiller du ministre. Même la grotte merveilleuse n'échappe pas à l'inconscience de l'homme, la polluant, transformant, avec un simple toucher de la main, le cristal en une pierre noire. Ce n'est pas pour rien que le guide crie haut et fort aux visiteurs de ne pas effleurer les stalagmites et les stalactites de leurs doigts. C'est à cause de la pollution d'ailleurs que certaines stalagmites et stalactites n'arrivent pas à se fondre l'un dans l'autre, comme le prévoit la nature. Faute d'infrastructures et donc d'investissements, des campeurs « sauvages » investissent les lieux, sans se préoccuper des conséquences de leurs attitudes sur la nature et encore moins sur le caractère touristique de la région. « Tant qu'il n'y a pas de terrains de camping adéquats, qui répondent aux normes, protégés et dotés de blocs sanitaires, de restauration et de loisir, il vaut mieux éviter de passer la nuit à la belle étoile à Jijel », avertit le guide, signalant que Jijel n'est pas prête encore à accueillir les touristes car la mentalité de ses habitants, inconscients de l'importance du tourisme dans la région, ne s'y prête pas. Pour le moment, Jijel ne compte que très peu de projets d'investissements et le plus grave, c'est qu'elle est en train de perdre ses Zones d'expansion touristiques (ZET). Dans les années 1970, elle en comptait 19, aujourd'hui, il ne lui reste que 9 et risque d'en perdre davantage si les collectivités locales n'agissent pas rapidement.
« Les ZET étaient destinées aux éventuels investisseurs étrangers et nationaux dans le tourisme mais comme elles n'ont pas attiré grand monde, 10 d'entre elles ont disparu, détournées par des investisseurs qui n'ont rien à voir avec le tourisme », souligne M. Boukhalfa.
BEJAIA : DU MONDE, DES INFRASTRUCTURES MAIS...
• Comme chaque année, fidèle à ses fans, la Bleue de Bejaia accueille les estivants. Tout cela, sous le regard bienveillant de Yemma Gouraya qui se laisse envahir pour permettre aux visiteurs d'admirer, de son sommet, la grande baie et son port. Il faut dire que Bejaia est dotée de tout ce qu'il faut pour attirer les touristes. Gâtée par la nature avec ses caps, ses cascades, ses montagnes qui surplombent la mer mais aussi par l'homme qui non seulement l'a doté de sites archéologiques mais aussi d'infrastructures d'accueil et hôtelières... bien que la qualité de ces dernières est discutable. « Les infrastructures sont disponibles mais sont vétustes et ne répondent à aucune norme », regrette le guide. A l'image de l'hôtel public, les Hamadites, une autre épave au bord de l'eau. Mais d'après le directeur de cet hôtel, un appel d'offres national et international a été lancé pour sa réhabilitation. Du côté des investissements privés, l'auberge Atais, implanté dans la région Ataïs, est un bel exemple à suivre. Un véritable joyau architectural en pierres noires qui se fond dans l'environnement, donnant un aspect pittoresque à cette côte où l'eau est limpide, à tel point que les nageurs voient les poissons passer sous leurs pieds. De loin, on peut admirer le mouvement très rapide des jet-skis qui soulèvent les vagues ou partager la joie des nageurs qui s'amusent à passer d'un rocher à un autre tandis que les plus paresseux préfèrent se dorer au soleil, allongés sur les galets. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir ces petits plaisirs sur ces sites paradisiaques, ils peuvent se contenter du centre-ville qui n'est pas dépourvu de charme. Ils peuvent se promener par exemple du côté de la célèbre place Gueydon duquel s'offre à eux une vue panoramique sur une partie de la baie, comme ils peuvent découvrir ou redécouvrir sa côte rocheuse où les pêcheurs et les estivants se disputent les faveurs de la mer, tout en dégustant des sorbets ou des glaces aux fruits. Bref, Bejaia a de quoi contenter et les riches et les modestes touristes... à condition qu'ils ferment les yeux sur l'inconfort de certains établissements hôteliers !


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