Le ministre français rencontrera en premier son homologue, Mourad Medelci. Un point de presse à Djennane El Mithaq et un dîner de travail suivront cette audience. Durant la matinée du lundi, M. Fabius sera reçu par le président de la République avec qui il aura également un déjeuner. Une conférence de presse du chef de la diplomatie française est prévue à 14 h à la résidence les Oliviers peu avant son départ d'Alger. Auparavant, dans la matinée, le ministre aura rencontré lors d'un petit-déjeuner des chefs d'entreprises français installés dans notre pays et visité très tôt l'institut français d'Alger. Ce séjour permettra surtout de préparer une visite que le président François Hollande compte effectuer en Algérie avant la fin de l'année. Lors de sa visite, selon le Quai d'Orsay, Laurent Fabius devrait aborder la question du Sahel et de la crise au Mali. Cette visite permettra un dialogue approfondi entre les deux pays. Elle intervient dans un contexte particulier pour les relations bilatérales, marquées notamment par la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance. Un entretien téléphonique entre les deux présidents le 23 mai, l'appel téléphonique de Fabius à son homologue algérien le 15 juin, puis le message adressé par Hollande à Bouteflika ont traduit pour l'occasion une volonté d'imprimer un nouveau cours aux relations. La venue de Fabius à Alger est en soi un signe positif. Elle réinscrit les relations bilatérales dans une nouvelle dynamique politique. Le nouveau locataire de l'Elysée paraît moins tributaire des milieux pieds-noirs et harkis. Hollande appartient à une génération moins marquée par la guerre d'Algérie. Il fait partie de cette gauche presque honteuse pour son passé dans les colonies et qui visiblement cherche à se rattraper. Du moins à être moins arrogante, voire revancharde comme une certaine droite. Dans son récent message au président de la République il avait tenu à affirmer qu'il n'inscrivait pas son action dans une guerre de mémoires. François Hollande, élu le 6 mai estimait qu'il y « a place désormais pour un regard lucide et responsable de la France sur son passé colonial en Algérie ». L'opinion algérienne est en attente de découvrir la nouvelle vision des socialistes et leur façon d'appréhender le legs de l'histoire dont les relations demeurent otage. Se contenter t-il d'une vigoureuse dénonciation du système colonial ? Fabius en matière d'émigration, de circulation des personnes, d'investissements apportera-t-il du nouveau, à tout le moins un ton différent ? Ses propos seront à coup sûr un indicateur sur le sens que le nouveau gouvernement cherchera à donner à ses relations avec un partenaire qui compte sur la rive sud de la Méditerranée, en Afrique. Les deux pays y partagent des ambitions et affrontent de semblables défis.