Nkosazana Dlamini-Zuma, l'actuelle ministre sud-africaine de l'Intérieur et ancienne ministre des Affaires étrangères (1999 à 2009) a été élue dimanche soir, après des mois de tractations rythmées de rencontres bilatérales et de réunions à huis clos, présidente de la Commission africaine, un poste clé de l'organisation continentale, créée en 2002 pour succéder à la défunte OUA, Organisation de l'Union africaine. Elle a obtenu au quatrième tour, 37 voix, soit 3 de plus que la majorité requise des deux tiers, à l'issue à l'issue de la rencontre à huis clos des chefs d'Etat et de gouvernement qui a été organisée en marge du 19e sommet de l'organisation panafricaine, à Addis-Abeba, en Ethiopie. C'est la première femme et premier responsable anglophone à diriger cette institution. Tout opposait cette austère pédiatre de 63 ans, militante anti-apartheid au caractère bien trempé et combattante de la liberté, surnommée « la Dame de fer de Pretoria » au président sortant, le Gabonais Jean Ping, 69 ans, un négociateur hors pair. Face aux inquiétudes des petits Etats francophones, qui craignent la mainmise diplomatique des géants anglophones comme le Nigeria et l'Afrique du Sud, l'ex-militante du Congrès national africain donne des gages d'ouverture : « L'Afrique du Sud ne va pas déménager à Addis-Abeba pour diriger l'Union africaine », dit-elle, promettant d'introduire des réformes au sein de l'institution. « Il n'y a eu ni perdant ni gagnant. C'est l'Afrique toute entière qui a gagné », estime le chef d'Etat béninois, Thomas Boni Yayi et président de l'UA pour un an après cette « bataille » entre l'Afrique du Sud et le Gabon qui a tourné à la compatriote de Nelson Mandela qui fêtera, aujourd'hui, ses 94 ans. Jean Ping a reconnu sa défaite. Il se dit « prêt à coopérer avec Dlamini-Zuma pour l'unité du continent ». Les Africains comptent sur Mme Dlamini-Zuma pour que l'Union continue de se renforcer. Ceux qui la connaissent laissent croire qu'elle pourrait apporter à la commission une vision détachée des anciennes puissances coloniales et ancrée dans l'alternative incarnée par les pays émergents et un second souffle aux solutions « africaines » aux conflits, au nom du pragmatisme anglophone et de la résistance à l'interventionnisme occidental.