Comment M. Akouchi gère-t-il son quotidien durant le Ramadhan ? Mon quotidien est tout à fait ordinaire. Je me lève vers 3h du matin pour accomplir la prière d'El fedjr dans la mosquée située tout près de chez moi à Bouchaoui après avoir pris quelques dattes en guise de s'hour. Je rentre chez moi après pour me rendormir et me lever à 9h. Au réveil, je scrute les informations dans les journaux avant de rejoindre mon bureau pour gérer les affaires de mon parti. Après la prière de Dohr, je profite également pour faire une courte sieste au siège avant de rentrer chez moi vers 16h. Pour passer le temps, je regarde des programmes télé, à l'exemple du feuilleton « Hannibal » diffusé par Chourouk TV quelque temps avant la rupture du jeûne. Après El iftar, je ne rate jamais la série « Hadj Lakhdar » que j'apprécie parfaitement car elle reflète la réalité algérienne, sans oublier certaines caméras cachées. Une fois les prières surérogatoires achevées, je m'offre un sommeil profond après une longue journée de jeûne. Appréciez-vous les tables bien garnies durant le Ramadhan ? Non. Je suis du genre à favoriser la consommation saine et équilibrée. On se contente de la chorba, du plat principal et de quelques fruits. On devrait avoir honte de parler des plaisirs culinaires, si l'on sait que des confrères à nous souffrent de pauvreté. Au s'hour, je peux dire que j'ai une préférence pour le couscous préparé avec des raisons secs. Ce fut le plat préféré de Cheikh Abdehamid Ibn Badis. Ajoutées à cela les dattes, que je consomme abondement durant le Ramadhan. Je dois vous dire qu'en tant que père de famille, je ne tolère en aucun cas qu'on fasse les courses pour moi. Je fréquente le marché de Chéraga. J'insiste à nourrir mes enfants avec des aliments sains que je choisis personnellement. Je leur dis souvent : « Est-ce que vous tombez souvent malades ? Eh bien non, Dieu merci, parce que c'est moi qui choisis votre nourriture ». Comment jugez-vous le comportement de nos concitoyens ? Sincèrement j'éprouve un peu de chagrin pour certains comportements durant ce mois de piété et de clémence. Le Ramadhan constitue un test, une épreuve pour les jeûneurs. Comment expliquer cette colère des uns, cette voracité, ces disputes des conjoints pour un plat trop ou pas salé ? Le Ramadhan a pour vocation l'économie et non le gaspillage. C'est devenu un mois de tous les dangers. Les mots déplacés et les blasphèmes sont devenus courants. Les chaînes interminables pour l'achat de la pastèque ou de la zlabia marquent nos quotidiens. Où est-ce qu'on va ? L'administration en est responsable. Historiquement, le Ramadhan fut l'un des mois ayant marqué la victoire des musulmans sur les juifs, et nous, nous nous contentons de céder à nos tentations et à nos désirs. La situation est délicate et mérite réflexion. Mais il y a aussi la solidarité envers les nécessiteux... J'insiste d'abord à dire que les restaurants de la Rahma sont insuffisants. L'Etat a monopolisé le travail social et n'encourage pas les gens à être solidaires entre eux. On peut gagner l'estime de Dieu en s'approchant des démunis pour leur porter aide et assistance. Il est malheureux de voir que le couffin du Ramadhan est exploité et même fourni à des personnes qui ne sont pas dans le besoin. Dans un pays riche comme le nôtre il est désolant de donner des couffins comme le faisait le France coloniale autrefois. Cela constitue une grave humiliation à bannir. Le Ramadhan tend à devenir synonyme de congé... Effectivement. Les politiques sombrent dans un profond sommeil durant ce mois. Les ministres, les parlementaires et d'autres responsables sont en congé. Comment voulez-vous alors qu'on s'occupe des nécessiteux ? Que chacun assume ses responsabilités en étant conscient du besoin d'être présent dans les durs moments que traverse la société.