Comment M. Adimi accueille le Ramadhan ? Avec beaucoup de joie, s'agissant d'une occasion de réflexion et d'adoration du Tout-Puissant. Pour moi c'est un peu particulier. J'ai un emploi du temps différent des autres jeûneurs, étant donné que je me lève à 3h du matin pour prendre mon petit déjeuner et non pas le s'hour et je suis à partir de 4h du matin devant mon micro, avec mes recherches, mes livres, et les thèses de mes étudiants. Je poursuis mon travail jusqu'à 10h du matin et après je me consacre à ma bourgeoise qui me dicte ce que je dois faire comme achats. Chaque matin je fais les marchés, et plus souvent celui de Chéraga, là où j'habite, en ramenant avec moi des journaux pour ma lecture quotidienne. Ma conjointe me fait la liste des produits qu'elle souhaite avoir pour la confection de ses plats et dès que je termine cette tâche je rentre chez moi pour faire une sieste d'une ou deux heures. Quelque temps avant la rupture du jeûne je sors avec des amis pour acheter des fruits ou quelques sucreries et ensuite je reviens à la maison pour aider la bourgeoise à préparer la table, avant l'Adhan. En somme, le Ramadhan n'influe aucunement sur mon humeur quotidienne. La table du Ramadhan fait rêver bien des jeûneurs... Je ne suis pas trop gourmand durant ce mois. J'ai une préférence pour les plats traditionnels, contrairement à mes enfants qui sont plus portés sur les grillades et les frites. Autrement je ne suis pas exigeant sur ce plan. Juste après le f'tour je regarde les informations et je sombre déjà dans un sommeil profond vers 22h. Je n'accomplis pas les prières surérogatoires et je reçois rarement des amis dans la soirée. Ce rythme de vie me permet de rester en parfaite forme durant toute la journée. Tout le monde s'accorde à dire que le fait de veiller rend le jeûne difficile ... J'ai passé quatre Ramadhan à Grenoble, je fournissais un énorme effort intellectuel et je n'ai jamais failli en termes de travail. Les gens doivent changer leurs habitudes et se dire qu'il s'agit d'un mois ordinaire, surtout que même en temps normal il nous arrive de ne rien manger parfois pendant toute la journée. Faire des nuits blanches implique des journées cauchemardesques, dont la rentabilité est quasi nulle. Le service public prend un sacré coup durant ce mois et cette indifférence pour le travail n'a rien à voir avec le jeûne. On remarque aussi que d'autres personnes dorment toute la journée. Cela implique aussi une négligence. D'autant que le Ramadhan est une période précieuse dont le musulman doit profiter utilement en s'adonnant à la fréquente lecture du Coran, au gagne-pain et à la recherche du savoir. En tout cas, c'est le rythme de vie dans son intégralité qui est chamboulé, puisque les salariés ont des horaires aménagés et chacun arrive plus tard et part plus tôt. Etes-vous favorable à la politique du couffin de Ramadhan ? Le couffin est une honte et une humiliation pour les pauvres. Il serait préférable de leur ouvrir des comptes bancaires ou instaurer une aide directe qui sera prise en charge par une caisse spéciale. La solidarité est un acte qui doit être valable pendant toute l'année est non pas occasionnellement.