Ces ministres dont les pays n'ont pas de relations diplomatiques avec Tel-Aviv devaient se réunir dans la soirée d'hier dans un hôtel à Ramallah avec leurs homologues membres du Comité palestinien des non alignés pour apporter leur soutien au projet de Mahmoud Abbas de demander en septembre prochain un statut d'Etat non membre à l'ONU pour la Palestine. La communauté internationale si prompte à réagir aux premiers « interdits », n'a pas soufflé un traitre mot devant cette limitation de circulation dictée à des diplomates par un Etat qui continue, sous le regard complice du Quartette et de ses « amis » dans la région la fragmentation territoriale et démographique de la Palestine. Raison officielle de cette interdiction : les participants devaient apporter leur soutien au projet de demande palestinienne d'un statut d'Etat non membre à l'ONU. Pas plus. « Une décision a été prise d'interdire à des chefs de diplomatie de plusieurs pays ne reconnaissant pas Israël de franchir des passages frontaliers d'Israël », explique le gouvernement de Benyamin Netanyahu. Raison réelle : cette réunion de Ramallah, la première du genre, devait, préparer le sommet du MNA qui se tiendra prochainement en Iran et annoncer le soutien du mouvement à la candidature de la Palestine. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui ont appuyé le mois dernier, le projet de l'Autorité palestinienne visant à obtenir la reconnaissance par l'ONU d'un Etat de Palestine non membre de l'organisation internationale, ont approuvé l'intention des Palestiniens de se concerter avec les groupes formés à l'ONU par les Européens, les Africains, les Non alignés et le bloc sud-américain pour rallier leur soutien. Une « intention » qui allait prendre forme à cette réunion et mettre mal à l'aise les « amis » de l'Etat d'Israël au Conseil de sécurité qui estiment que « seuls des pourparlers de paix doivent aboutir à la création d'un tel Etat ». En attendant les répliques de cette décision israélienne, les Palestiniens comptent contourner le Conseil de sécurité où les Etats-Unis, hostiles au projet, ont droit d'user du veto. Ils annoncent qu'ils renouvelleront le 27 septembre devant l'Assemblée générale des Nations unies leur demande. C'est-à-dire avoir un statut qui serait certes, identique à celui du Vatican, mais aussi et surtout une reconnaissance implicite de ses revendications de souveraineté sur la Cisjordanie, El Qods-est et la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne qui est devenue le 195e membre de l'Unesco fin octobre 2011, pourrait intégrer plusieurs agences de l'Onu et saisir la Cour pénale internationale. « Nous nous attendons à obtenir 180 des 193 voix », affirme Ryad al Malki, le ministre des Affaires étrangères de Mahmoud Abbas. « Nous deviendrons un Etat non membre en 2012 », dit-il. Naturellement, une fois approuvé ce statut, l'Autorité palestinienne cherchera à obtenir celui de pays membre. Netanyahu et son gouvernement font comme si de rien n'était. « Cette initiative, qui reflète la volonté palestinienne d'internationaliser le conflit et de capter à nouveau l'attention alors que l'actualité proche-orientale est dominée par la Syrie, l'Iran ou l'Egypte, ne changera rien sur le terrain », déclare leur ambassadeur à l'ONU appelant Abbas à table de négociation. En Cisjordanie, l'annexion de terres palestiniennes se poursuit à un rythme effréné : à Tubas dans la vallée du Jourdain, une zone jusqu'ici confisquée par l'armée « pour son entraînement », vient d'être cédée à 130 colons. Dans Zanuta, près d'Hébron, les familles palestiniennes sont chassées pour cause de « site archéologique » !