Le document se veut avant tout une « évaluation approfondie « détaillée » et « impartiale » de chacune des étapes du processus électoral. Il comprend 31 recommandations. Il s'agit, entre autres, d'établir un fichier électoral consolidé au niveau national, la publication systématique des listes définitives des électeurs, la publication systématique des procès-verbaux des résultats de chaque bureau de vote, et la simplification des démarches concernant la création des partis politiques. Mais avant, la mission a eu à constater tout un nombre « d'aspects positifs » du processus électoral. Il s'agit de l'augmentation du nombre de partis politiques et de listes indépendantes par rapport au scrutin précédent. Un état de fait qui a permis, souligne le conférencier, d'élargir l'offre politique. Il est constaté, également, l'instauration de mécanismes de contrôle additionnels de « l'opération du vote, tels la Cnsel et la Cnisel et l'incorporation des urnes transparentes et de l'encre indélébile comme instruments supplémentaires de vérification. A cela s'ajoute l'entrée de 143 députés femmes dans la nouvelle assemblée, « ce qui constitue une avancée notable », note M. Salafranca. Cela dit, la même mission soulève une série d'éléments « susceptibles d'être améliorés » lors de prochaines consultations. Il s'agit, évoque José Ignacio Salafranca, du système d'enregistrement des électeurs qui présente certaines faiblesses structurelles, comme l'absence de consolidation nationale du fichier électoral. Sur ce point précis, la mission constate que le fichier électoral ne peut pas faire l'objet d'un contrôle avéré de la part des partis politiques et des candidats indépendants. Les résultats du scrutin, note en outre le document, traduisent en partie un rejet de l'offre politique par les citoyens. La mission a également regretté que « l'adoption d'un nouveau cadre électoral », si proche de la date du scrutin, ait imposé plusieurs difficultés organisationnelles, notamment à la Commission nationale indépendante de supervision des élections (CNISEL). Les observateur de l'UE estiment, par ailleurs, que la transparence des opérations au sein des commissions électorales pourrait être améliorée par l'affichage public des résultats au niveau communal (absent dans 36% des commissions observées) ainsi que par la remise systématique d'une copie certifiée des résultats aux représentants des partis et des candidats (absent dans 17% des cas observés). José Ignacio Salafranca a regretté le fait que la mission n'ait été présente qu'au niveau d'un très réduit nombre de bureaux de vote (moins de 2%). Pour la commission, l'absence de publication des résultats détaillés a « affaibli » la transparence des élections, compliquant la lisibilité des sièges attribués. Enfin, la mission constate trop peu d'éléments concernant les recours devant le Conseil constitutionnel. Comme elle a noté que la période de recours qui s'est achevée avant même la publication en détail des résultats. « LISEZ D'ABORD LES RECOMMANDATIONS » Critiqué par les partis politiques, notamment la manière jugée « légère » avec laquelle il a assuré sa mission, José Ignacio Salafranca invite ceux-ci à lire « attentivement » le rapport et les recommandations faites avant de se lancer dans la critique. A ceux qui les accusent d'être à la solde du pouvoir, il rétorque : « je rejette cette idée. Nous n'avons jamais discuté avec les autorités. Notre mission est indépendante et impartiale ». Et de préciser, toutefois, que leur présence en Algérie n'est pas « pour s'ériger en donneurs de leçon » ou de « porter un jugement » sur les élections qui se sont « déroulées dans de bonnes conditions ». Pour ce qui est de la prise en compte de ces recommandations par l'Etat algérien en perspective des prochains échéances, le chef de la mission d'observation de l'UE estime que l'Etat algérien est souverain et c'est à lui de décider de leur mises en œuvre ou pas. « Nous n'avons ni la vocation, ni la capacité d'imposer parce que nous sommes en train de traiter avec un pays souverain », rappelle-t-il. Notons que le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, a indiqué samedi dernier, que ces recommandations ont peu de chance, faute de temps, d'être appliquées lors des locales prévues le 29 novembre prochain. Enfin, sur une question de savoir si les observateurs de l'UE seront présents aux prochaines élections locales, José Ignacio Salafranca indique qu'en pratique, l'UE ne couvre pas les élections à caractère local, mais tout dépendra de l'invitation des autorités algériennes. LE POURQUOI DE LA DEROUTE DES PARTIS ISLAMISTES ET LA VICTOIRE DU FLN Pour ce qui est des résultats obtenus par le FLN, José Ignacio Salafranca soutient que la performance de ce parti est due entre autres à l'élimination des listes n'ayant pas obtenue 5% des suffrages au niveau de chaque wilaya, au système électoral en place ainsi qu'a l'émiettement des voix. Par rapport à la déroute des partis islamistes, le rapport de l'UE estime que la décennie noire a fortement marqué les Algériens alors que le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a participé durant 17 ans au gouvernement. Avec 208 sièges sur 462, l'ex-parti unique devance largement le Rassemblement pour la démocratie (RND, 68 sièges) devant six partis islamistes qui ont totalisé 61 sièges