«Notre mission ne fait pas fonction d'arbitre. Notre présence en Algérie pour évaluer le processus électoral s'inscrit dans un contexte amical. Nous ne sommes pas un tribunal.» Ce sont là les propos de José Ignacio Salafranca, le chef de mission d'observation des élections de l'Union européenne (UE) qui a animé hier une conférence de presse à Alger pour faire la présentation du rapport final incluant les conclusions et analyses de la mission des observateurs lors des élections législatives du 10 mai dernier. Un scrutin que le conférencier compare à «un point de départ et non pas un point d'arrivée», en mettant l'accent sur le fait que pour les prochains rendez-vous électoraux, il est nécessaire que le pouvoir algérien fasse preuve de plus de transparence. «L'absence de publication des résultats détaillés a affaibli la transparence de ce processus électoral, compliquant la lisibilité des sièges attribués qui ont fait par conséquent l'objet de contestation par certains partis politiques et des représentants de la société civile», a déclaré José Salafranca. Les résultats de la dernière consultation électorale portant renouvellement de la composante de l'APN ont été en effet contestés par de nombreuses formations ayant pris part à ce scrutin remporté haut la main par le FLN. Dès l'annonce des résultats par les autorités, des représentants de plusieurs partis ont crié à la fraude, accusant quelques jours après la mission des observateurs européens d'accointance, voire même de complaisance avec le pouvoir algérien. José Salafranca, qui était interpellé hier à ce sujet, s'en est très vite défendu pour rejeter de fond en comble une telle accusation. «Lisez notre rapport et vous constaterez que nous avons accompli notre mission avec une impartialité absolue», a répliqué le conférencier en réitérant ses liens d'amitié avec les autorités algériennes. Dans le rapport en question, les membres de la mission européenne au nombre de 150 à s'être déplacés en Algérie et auxquels il faudra ajouter plus d'une quinzaine de parlementaires européens, ont aussi «soulevé une série d'éléments susceptibles d'être améliorés lors des consultations à venir». Il s'agit, selon le conférencier, du système d'enregistrement des électeurs qui représente des faiblesses structurelles de la transparence des opérations au sein des deux commissions électorales. Salafranca fera part aussi de l'anomalie relative à «la période des recours introduits auprès du Conseil constitutionnel qui s'est achevée avant même que les résultats n'aient été publiés en détail, affectant la transparence du processus. Triomphe du FLN : la faute incombe au système électoral A la question de savoir si le FLN a réellement fraudé lors des récentes élections législatives, le conférencier fera savoir que la victoire du FLN a été rendue possible grâce au système électoral de nature proportionnelle et qui comprend beaucoup de carences. D'autre part, le chef de mission d'observation a indiqué que durant la journée du 10 mai, les observateurs européens ont suivi l'opération de vote uniquement au niveau de 845 bureaux répartis à travers le pays, ce qui représente ainsi un taux de 1,74% de la totalité des bureaux de vote. A ce propos, José Salafranca, qui a précisé que le rapport établi comprend quelque 31 recommandations, admet toutefois que les constatations faites par les observateurs de l'UE ne sont pas à caractère général. «Nous n'avons pas la prétention de dire que nos observations sont à caractère général», a-t-il conclu.