Noureddine Bouterfa rejette, et dans la forme et dans le fond, l'accusation selon laquelle l'opérateur historique en est responsable. D'abord, il estime que la loi sur l'électricité et la distribution du gaz par canalisations promulguée en 2002 a permis la restructuration du secteur. Celle-ci, avance-t-il, a, entre autres, confié l'exercice des métiers de production, de transport et de distribution de l'électricité et du gaz à des sociétés autonomes à l'image de SPE et les autres producteurs tels que SKH, SKS et Kahrama qui détient 60 % du marché au moment où la Sonelgaz n' en détient que 40%. Pour lui, toutes ces sociétés ont l'obligation d'assurer le service public sous la responsabilité, le contrôle et l'évaluation de la commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG). Evoquant le service public, l'orateur estime que l'Etat est seul garant et responsable du service public. Pour lui, dans tout ce dispositif, Sonelgaz n'intervient plus directement sur le service public « puisque toutes ces activités ne figurent plus comme missions et attributions du groupe », dit-il. Et d'ajouter que la société holding Sonelgaz ne détient plus et ne gère donc plus ni réseau ni client et qu'elle n'exerce plus aucune activité opérationnelle conformément à ses nouveaux statuts. « Le système est devenu à la faveur de la nouvelle structure complexe. Il y a une transformation qu'il faut bien cerner et comprendre. Il est plus facile d'imputer la responsabilité à Sonelgaz alors que la réalité est toute autre. On se trompe de nom. Si, aujourd'hui, on laisse faire, ça n'en sera plus le cas à l'avenir », s'est-il défendu. « C'EST LA FAUTE À LA CHALEUR ! » Autres arguments. Le P-DG de Sonelgaz Holding affirme que cette situation de tension s'explique par la forte consommation de l'électricité en raison de la vague de chaleur. Selon lui, la demande dépasse largement les capacités de production. Bien plus, il a fait savoir que le taux d'évaluation de la demande comparativement à la puissance maximale de l'été dernier aurait été de plus de 14%. Et pour comprendre mieux ces coupures électriques, Il affirme que le système électrique national est confronté à plusieurs variables. Il évoque l'émergence d'un nouveau mode de consommation chez les Algériens, notamment l'utilisation à plein régime de la climatisation qui a pour effet de « fragiliser les capacités d'approvisionnement électrique du pays ». Il ajoute, également, les multiples problèmes d'opposition de tiers freinent la réalisation des programmes de développement du transport et de distribution de l'électricité. Et là, il a estimé que 40% du programme de développement des réseaux est en souffrance et que seulement les deux tiers du programme ont été réalisés. L'invité du Forum de Liberté annonce que 60% de l'énergie produite est actuellement, consommée par les ménages, autrement dit à usage domestique. Le taux ne dépasse pas dans le monde les 30%. « POUR UN NOUVEAU PLAN NATIONAL D'ELECTRIFICATION » Devant cet état de fait « électrique », la question qui se pose c'est de savoir comment y faire face ? « Pour 2012, il n'y a rien à faire », répond de la manière la plus franche le P-DG de Sonelgaz avant de souligner que le délestage sera pratiqué afin d'assurer la sauvegarde du système électrique et maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande. Mais d'ici 2017, « il est prévu le doublement des capacités actuelles de production, de transport et de distribution de l'électricité ». Il s'agit de l'implantation de pas moins de 9 centrales d'une puissance de 8050 MW, 300 postes très haute et haute tenssion, près de 10 000 km de réseau de transport très haute tension et 500 km de réseau gaz pour alimenter les centrales. En tout, pour Noureddine Bouterfa l'Algérie a besoin d'un nouveau plan national d'électrification pour peu que les contraintes ayant trait au foncier et oppositions soient levées définitivement avec le concours et l'implication entière des responsables locaux. Comme il a plaidé la nécessité de rationaliser la consommation afin de maitriser la croissance. Sinon, pour le reste de l'été soutient-il : « On continuera à gérer au mieux... ! »