De quoi sont faites les journées ramadhanesques de Hamid Achouri ? Mes journées sont celles d'un jeûneur musulman pratiquant. J'ai beaucoup de respect pour ce mois sacré qui nous permet de purifier notre âme. J'ai pour habitude de me lever à 10h du matin, ensuite de faire les courses en fonction des demandes de ma conjointe. Au marché, je profite pour discuter un peu avec mes amis et je ne rentre chez moi qu'à l'heure de la prière du Dohr. Par la suite, je commence à préparer mon émission diffusée chaque jour sur les ondes de la radio nationale à 17h30. D'ailleurs elle se termine quelque temps avant la rupture du jeûne. A la radio, des amis me font goûter par exemple le bourak fourré au poisson et moi aussi, je leur ramène parfois du pain fait maison ou d'autres mets qu'on se partage avec un grand plaisir. Je ne suis pas un grand gourmand. Je me contente uniquement au f'tour de la chorba et du bourak, en plus de quelques dattes et du petit lait. Ce n'est qu'après l'accomplissement des prières surérogatoires qu'intervient la deuxième et la troisième mi-temps durant lesquelles je profite pour goûter à quelques sucreries en plus du s'hour que je ne rate jamais. Les prières surérogatoires sont-elles sacrées pour vous ? Oui bien sûr. En dépit du travail, le côté spirituel l'emporte sur tout durant ce mois. D'ailleurs je profite durant mes émissions pour lancer des messages qui vont dans le sens de la consécration de la fraternité et de l'estime au sein de la société et de la famille. Je mets toujours l'accent sur la nécessité de renforcer les liens familiaux comme le dicte notre précieuse religion. Certes, certains Algériens accomplissent le jeûne par héritage, d'autres succombent au sommeil durant toute la journée et font carême sans faire la prière. Mais une chose est sûre, l'Algérien ne badine pas avec le mois sacré. Il ne peut pas y renoncer. Pour preuve, j'ai rencontré des malades chroniques qui ont versé des larmes juste parce qu'ils ne peuvent pas jeûner. La ferveur du Ramadhan est beaucoup plus ressentie dans l'Algérie profonde. Dans l'Algérois, effectivement le stress dans lequel on se débat durant toute l'année ne s'estompe pas en un mois. On doit apprendre à maîtriser nos nerfs, à converser avec les gens, à ressentir la douleur des pauvres et en ne tolérant aucune dérive. Le Ramadhan est une école dont les enseignements devraient être valables pour toute l'année. Je dois dire aussi un mot sur la solidarité, à laquelle on doit absolument impliquer les enfants surtout pour qu'ils apprennent les vertus du partage. Que pense Achouri des programmes humoristiques de ce Ramadhan ? J'avoue que la production a augmenté avec la contribution des nouvelles chaînes. Pour ne pas verser dans la critique et dresser un tableau noir, je dirais seulement que la médiocrité de certaines productions est due à la réalisation faite à la hâte. On décide quelques semaines avant le Ramadhan de faire tel sketch ou telle série. Je dois dire qu'on souffre du problème du manque de scénarios. Pour ma part, je suis sélectif dans mon travail. Je n'accepte pas tous les rôles et j'ai même mon mot à dire dans le tournage. Durant ce mois, j'ai fait quelques apparitions. Je ne peux pas m'engager dans trente séries sans conviction. Je ne peux pas travailler sans scénario que je prends le soin de lire attentivement bien avant de donner mon aval. Je cite l'exemple de « Caméra Chorba » dans laquelle j'ai réclamé la suppression de certains dialogues. On peut dire que la diversité télévisuelle est à ses débuts. Le meilleur est à venir, inchallah.